Réouverture du Bal Blomet

Le mardi 22 mars 2017, malgré la pluie, on pouvait voir se créer une file d’attente au 33 rue Blomet. Au cœur du XVème arrondissement, le public était venu nombreux pour l’ouverture ou plutôt la réouverture du Bal Blomet.

En s’enfonçant sous le niveau de la rue, on tombe nez à nez avec Joséphine Baker. Dans les couloirs, aux côtés de la chanteuse et danseuse des années 30, on trouve des jazzmen, les musiciens qui ont fait les grandes heures de la salle. Le Tout-Paris se retrouvait au Bal Nègre ; de Boris Vian à Jacques Prévert, de Man Ray à Joan Miro, auteurs mais aussi artistes et musiciens descendaient en sous-sol. Espace de liberté, le Bal rassemblait anonymes et célébrités prêts à danser la biguine ou venus pour écouter du jazz, musique américaine et rythmes africains.

Bal Blomet, l’état d’esprit cabaret

Fermé en 2006, après bien des changements de propriétaires et de noms, le Bal Blomet avait perdu de son aura. Sa réouverture aujourd’hui marque la fin de plusieurs années de travaux pour remettre la salle aux normes. Sur deux niveaux, avec coursive, la salle surprendra plus d’un spectateur par sa taille et ses qualités acoustiques. Les murs de briques apparentes, les charpentes métalliques rappellent les origines industrielles du lieu tandis que le confort du bar et la qualité de la programmation fidéliseront un nouveau public. D’ores et déjà le Bal Blomet s’annonce comme l’un des nouveaux lieux du jazz et une scène idéale pour le cabaret.

Carte blanche pour Yanowski et La Passe interdite

Lieu de distraction mais surtout de création, le Bal Blomet accueille pour cette première saison Yanowski. Artiste résident, il pourra mettre à profit les nouvelles installations pour travailler à de nouveaux spectacles, mais surtout charmer de sa voix petits et grands. Du conte musical au cabaret, de la milonga aux musiques de l’est, Yanowski a plus d’une corde à son arc. Avec La Passe interdite qu’il interprète en cette soirée d’ouverture, il propose autant un tour de chant qu’un tour du monde. De Buenos Aires à Bucarest, le spectateur découvre autant un chanteur qu’un conteur. Tango ou airs klezmers sont autant de prétextes pour raconter des histoires et installer une atmosphère. Avec ses inquiétants récits de pacte avec le diable ou ses plus frivoles aventures, Yanowski parvient à captiver la salle.

Le Cabaret extraordinaire donne le ton de la soirée

Yanowski encore dans le Cabaret extraordinaire joue de son personnage. Poète malheureux, dandy à la carrure imposante, il est bousculé par Maria Dolorès femme à poigne et formidable maîtresse de cérémonie dans sa robe de sirène. Ils sont plusieurs à se partager la scène, Immo l’improbable jongleur et acrobate, Ava la dame en verte et ses allures de femme fatale ou encore Elise Roche et ses chansons aussi “fantaisistes” qu’ingénue. Les numéros se succèdent dans les rires. On nous promet du rêve, des célébrités, des paillettes et un double de Nana Mouskouri arrive le sourire jusqu’aux lunettes. Si le cabaret est un art, il ne se prend pas ici aux sérieux. Pas de manières pour Jean-Jacques, homme à tout faire, et virtuose maladroit mais beaucoup de plaisir à être là. Parodie ou non, le cabaret est sans doute le dernier lieu où peuvent se retrouver les doux dingues.

La complicité entre les artistes, leur entrain sont contagieux. L’ambiance conviviale de la soirée est pleine de promesses pour la suite ; un début en chansons et dans la bonne humeur pour le Bal Blomet !