Théâtrorama

Peut-être avec un peu de chance, David Bowie appellera-t-il ce soir sur le portable de Renaud Cojo pendant la représentation. En tout cas, ce dernier nous l’affirme-t-il : Bowie a un numéro et il a promis qu’un soir il appellerait en direct. Et on aurait envie de croire à ce délire supplémentaire du metteur en scène et concepteur des images de ce spectacle singulier au titre invraisemblable qui résonne comme le début d’un rêve …Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust.

Ziggy Stardust est né sur scène le 3 février 1972 à Lancaster et il est mort le 3 juillet 1973 toujours sur scène à Londres. Ni homme, ni femme, mais une incarnation androgyne, Le personnage avait été créé par le chanteur David Bowie pour venir adresser aux humains un message d’espoir puisqu’à cette époque le monde n’en avait plus que pour cinq ans d’existence. Ziggy aimait le sexe, la drogue et ce double avait presque conduit Bowie aux limites de la schizophrénie.

Cojo va faire de Ziggy le point de départ d’une réflexion sur l’identité et la part de schizophrénie en chacun de nous. Le spectacle s’est construit au fil du temps comme une somme d’expériences plus ou moins improvisées ou tissées par le hasard des rencontres. Habillé et maquillé en Ziggy, Cojo a provoqué une séance filmée en caméra cachée chez un psychanalyste. La question posée tournait autour de l’identité réelle de Ziggy. Qui suis-je lorsque je m’invente un double ? Cette séance est le fil rouge du spectacle.

Cojo y ajoute un film sur une performance qu’il avait accomplie au cours d’un concert de Iggy Pop. Il y avait reproduit au mot près le discours de Bowie qui mettait fin à la carrière de Ziggy… Et il s’était fait sortir manu militari. Ajoutés à ses performances personnelles, Cojo a glané des films sur les réseaux facebook ou You tube où Ziggy continue à faire des émules. De cette incursion sur le net , il a ramené Elliott , un Nantais âgé d’à peine 20 ans et fan du répertoire de Bowie-Ziggy. Ces films sont prolongés par des suites d’actions sur scène et par des personnages qui, en apparence, n’ont rien à voir avec le projet comme ce jeune stagiaire qui lui écrivit un jour pour lui dire qu’il avait envie de jouer. « J’ai accepté de le rencontrer et j’ai vu arriver Romain (Finart) sur sa chaise roulante » dit Renaud Cojo. Pour ajouter encore au baroque et au désordre de ce spectacle en constante évolution, Cojo invite des spectateurs volontaires et différents à chaque représentation pour lire des textes de Jung ou de Harold Searles (sur la schizophrénie des artistes) par exemple.

Pièce psychédélique
Comme dans ses spectacles précédents, Cojo affirme la spontanéité d’un langage qui s’oppose aux mécanismes de la représentation et privilégie une esthétique libre qui favorise l’ébauche, l’ambiguïté ou le fragment. De Ziggy, ce qui survit surtout c’est le discours subversif . Et c’est précisément ce discours qu’interroge sans cesse Renaud Cojo : l’exubérance, la folie, l’homosexualité, le travestissement, la transgression… Déguisé dans des « costumes glam rock » qui ne lui vont pas du tout » Cojo questionne le décalage existant entre la vie réelle et la vie rêvée. En se délestant de la dramaturgie et du texte de théâtre, il construit une sorte de rhapsodie constituée de structures de collages hétérogènes. C’est un théâtre du mouvement composé d’un canevas organisé autour d’éléments de décor : une cabine téléphonique rouge qui figurait sur la pochette du disque de Bowie, une table chirurgicale, une lampe, une caméra stylo qui va piéger le moindre mouvement ou objet sur le plateau et créer une distance insolite.

Cojo revendique ce bric à brac hétéroclite, composé d’images reconstruites, à la recherche d’une trace, d’un rêve, de rencontres improbables de gens, d’objets et de mots qui se croisent pour entrevoir un réel plus large. Une fois les téléviseurs éteints, les perruques enlevées et la lumière revenue, tout le travail  théâtral (sinon comment appeler cela ?) qui s’est déroulé pendant plus d’une heure semble avoir versé dans un trou noir. Il ne reste que la lumière de Ziggy « étoile suspendue » aux frontières du réel et du fantasme. Ce soir-là David Bowie n’a pas appelé…

[slider title= »INFORMATIONS & DETAILS »] …Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust (site web)
Conception, mise en scène, images Renaud Cojo
Avec Renaud Cojo, Romain Finart, Eliott Manceau. Et un(e) invité(e) en alternance

Jusqu’au 12 Juin 2010 

Théâtre de la Cité Internationale
17 Bd Jourdan, 75014 Paris
Réservations : 01 43 13 50 50

15-26 Juin 2010 
Théâtre Paris – Villette
Parc de la Villette
Porte de Pantin
211 Ave jean Jaurès
75019 Paris
01 40 03 72 23
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