Théâtrorama

Privacy de la compagnie De Warme Winkel & Wunderbaum

Privacy Concept & interprétation : Ward Weemhof & Wine Dierickx Musique & composition : S.M. Schneider Dramaturgie & écriture : Joachim Robbrecht Mise en scène finale : Marien Jongewaard Traduction : Rob Klinkenberg Scénographie, création lumière : Theun Mosk Production & technique : Sabine Oldenburg Diffusion internationale : Line Rousseau & Marion Gauvent, A propic Technique : Manuel Boutreur Crédit photos: Dorothea Tuch vu à La VilletteÀ l’heure où Mark Zuckerberg déclare la vie privée révolue, la compagnie De Warme Winkel propose avec Privacy d’explorer les nouvelles formes du récit de soi. Un parti pris critique qui se limite rapidement à une mise en scène au premier degré.

Profil public et privé – une longue histoire

Ward Weemhof & Wine Dierickx voit la vie en couple, qu’elle soit privée ou artistique. Aussi leur pièce, prévient d’emblée S. M Schneider, chargé de la musique sur le plateau, se concentre sur le couple en tant qu’entité publique et créative. D’ailleurs il n’aura par la suite plus voix au chapitre ; ce qui rend son avertissement, trop long pour être oublié, des plus maladroits. Un personnage esquissé et aussitôt relégué pour une pièce qui se disperse en mille autres détails sans exploiter jusqu’au bout ses idées ni son dispositif. En l’occurrence une chambre truffée de caméras et recouverte de bandes led à la manière de rideau de perles. Une idée assez claire qui évoque la télé-réalité, les vitrines et l’illusion de la transparence mais qui reste un élément de décor vite délaissé. Le dispositif pris isolément révèle pourtant un rapport à la mise en scène intéressant. Les images montrées en direct ne laissent voir que l’intimité que l’on souhaite révéler : une extimité.

Inventer le couple, l’idée marketing

Ward Weemhof & Wine Dierickx ouvre le spectacle sur une perspective historique, la partie la plus réussie, où il rassemblent les figures de John Lennon et Yoko Ono mais aussi de Jeff Koons et de la Cicciolina. Si la starification ne date pas d’aujourd’hui, les “modèles choisis” ont pour particularité d’associer au couple un modèle et un projet artistique. On aurait tout aussi pu voir Marina Abramovic et Ulay, sans doute moins paillette, ou Gilbert et George (la liste n’est pas exhaustive) mais Privacy s’inscrit dans une perspective hétéronormée où le désir de faire œuvre remplace ou complète le désir d’enfant. Le couple dans les deux cas envisagés doit permettre de sauver le monde en plaidant pour l’amour, de préférence libre mais avec un partenaire officiel. Le duo d’acteur souligne bien dans ses parodies et imitations les contradictions et limites de ces figures. Le travail de déconstruction auquel il se livre dans la joie et la bonne humeure, avec chanson et scène de couple est bienvenu, ce sont des saynètes plutôt pop et bien rythmées.

Données personnelles et enjeu critique

C’est en cherchant à mettre en scène leur propre couple pourtant que Ward Weemhof & Wine Dierickx s’égare. La transition brutale entre les couples superstars et le leur fait sourire mais d’une certaine manière il se justifie. Il est assez juste de montrer la façon dont tout couple cherche à s’ériger en modèle de relation. Mis à nu les performeurs qui ne sont pas dans un dévoilement progressif mais dans une révélation agressive déballent tout les problèmes de leur couple. Infertilité, dispute, jalousie, tout passe dans cet exercice qu’on devine cathartique. Sur le même ton, sans réel recherche de mise en scène, dans une pénombre qui va jusqu’au noir, deux personnes se livrent dans un exercice aussi éprouvant que vulgaire. Faudrait-il compter les points ? Les réseaux sociaux s’ils ne laissent plus de place à la vie privée ne signifie pas pour autant une mise à disposition gratuite de toute information. Sans même évoquer le problème des données personnelles sur internet, de Warme Winkel semble avoir perdu en route le soucis d’une mise en scène de soi pour une surenchère égotique.

Privacy
Concept & interprétation : Ward Weemhof & Wine Dierickx
Musique & composition : S.M. Schneider
Dramaturgie & écriture : Joachim Robbrecht
Mise en scène finale : Marien Jongewaard
Traduction : Rob Klinkenberg
Scénographie, création lumière : Theun Mosk
Production & technique : Sabine Oldenburg
Diffusion internationale : Line Rousseau & Marion Gauvent, A propic
Technique : Manuel Boutreur
Crédit photos: Dorothea Tuch

Vu à La Villette

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