Malgré un texte percutant et drôle que les comédiens prennent un réel plaisir à défendre, un flottement permanent règne sur ce spectacle qui marque la première incursion de Julien Boisselier dans la mise en scène. Un manque d’assurance dans les partis pris et un recours à la facilité empêchent l’ensemble de vraiment décoller.
La psychanalyse ne serait-elle pas la remise en question du psychanalyste plus que celle des patients ? C’est la déclinaison drolatique de ce principe lacanien qui pourrait bien avoir motivé les auteurs de ce spectacle, Melissa Drigeard et Vincent Juillet. Et il fallait bien un homme et une femme pour écrire un pareil texte…
Simon et Marie. Un couple tout ce qu’il y a de plus normal. Une histoire d’amour banale à force d’être la plus folle, la plus intense avant de devenir le pire cauchemar pour chacun. La classique peur d’être seul, l’habituel besoin de l’autre bien qu’il vous en fasse voir de toutes les couleurs, l’inévitable recours à un support extérieur pour éviter que le cercle devienne trop vicieux, ou vicié. Le psy, par exemple…
Un texte redoutablement intelligent
D’un sujet on ne peut plus passe-partout (le couple, la crise, le psy) les auteurs ont tissé un dialogue très drôle assorti d’une charge sévère contre la thérapie chère au plus célèbre Sigmund de l’histoire de l’humanité. Et l’on comprend aisément que Julien Boisselier se soit laissé séduire par ce dialogue vif, survitaminé et d’une redoutable intelligence.
On regrettera d’autant plus que sa mise en scène n’épouse pas ce caractère plutôt cinglant. Le dialogue n’est sublimé que par les trois comédiens, excellemment dirigés. Ce qui ne surprendra que ceux qui n’ont jamais vu Boisselier, lui-même très bon comédien, au théâtre et au cinéma… Comme pour se rassurer –syndrome des premières fois ?- il a outrageusement accentué des moments inutiles (tous les éléments physiques en particulier) qui ne peuvent que provoquer des rires, sans aller puiser dans le texte ce qui méritait d’être vraiment mis en valeur. C’est forcément un peu dommage…
[note_box]Même si tu m’aimes
De Melissa Drigeard et Vincent Juillet
Mise en scène : Julien Boisselier
Avec Pierre Azéma, Mélissa Drigeard, Morgan Perez
Crédit photo : Amandine Gaymard[/note_box]
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