Théâtrorama

Entre silence et tempête, entre urgence et retenue, le mouvement dessine les mots, les mots croisent les notes qui s’élancent à larges traits sur la toile.

Trois artistes dans trois disciplines différentes infléchissent le mouvement de ces « Saisons-Vivaldi/Piazzolla » et nous convient à un voyage initiatique sur les pas d’une jeune fille en Europe et ceux d’un jeune homme, tagger à Buenos Aires. Une rencontre entre deux êtres, deux époques, deux continents, au rythme des saisons accompagnés par des artistes au parcours riche et multiple, aventureux et généreux.

La comédienne Irène Jacob nous raconte cette histoire avec une grâce toute solaire, Marianne Piketty joue du violon et assure la direction musicale alors que Laurent Corvaisier,en direct, nous en peint les images dans une mise en scène de Cécile Jacquemont.

D’une saison à l’autre, d’un art à l’autre…
Le texte créé par Carl Norac était, au départ, destiné à un jeune public. Malgré ses qualités poétiques évidentes, peut-être le texte aurait-il gagné en force et en profondeur s’il avait été orienté différemment, selon certaines pistes déjà existantes et négligées. Pourtant, malgré ce bémol, il ne s’agit pas ici de bouder son plaisir. Marianne Piketty nous emmène avec générosité, légèreté et virtuosité dans la fougue des musiques de Vivaldi et de Piazzolla qui se croisent, se repoussent comme pour mieux s’imbriquer.

Irène Jacob, comme sur un fil de funambule, tout en présence et en discrétion, glisse sur la musique pour nous faire passer « les portes des arbres », alors que Laurent Corvaisier « tague les ailes des mots » pour réunir le jeune homme et la jeune fille et leur permettre de se (re)trouver. Aucun domaine artistique ne prend le pas sur l’autre. La mise en scène de Cécile Jaquemont privilégie l’écho, l’unisson et la complicité. Interprété par le Concert Idéal – un groupe à géométrie variable de douze musiciens et qui en réunit ici huit – et le violon solo de Marianne Piketty, la musique tend un fil et assure l’osmose entre les trois arts.

Nous redécouvrons la fulgurance des « Quatre saisons » de Vivaldi (malheureusement trop souvent mis à toutes les sauces) et les notes plus langoureuses et tout aussi syncopées de celles de Piazzolla et on finit par juste se laisser couler dans l’énergie du talent des trois artistes réunis. À la fin du spectacle, comme un immense tag sur les murs d’une ville, la toile colorée de Laurent Corvaisier, sur laquelle les visages semblent naître de la couleur, reste le seul témoin tangible de ce voyage dans le temps et dans l’espace. À la fin de la traversée, à notre tour, sur les ailes des mots et des notes, nous nous sommes « avancés dans l’hiver avec la fougue du printemps ».

Les Saisons Vivaldi-Piazzolla
Spectacle musical
Narration : Irène Jacob
Violon et Direction musicale : Marianne Piketty
et le Concert Idéal
Peinture : Laurent Corvaisier
Texte : Carl Norac
Mise en scène : Cécile Jacquemont
Chorégraphie : Joëlle Bouvier
Durée : 1 h 20
Crédit photo : Ben Dumas

Du 21 Janvier au 22 Février 2015 au Théâtre Le Ranelagh
Du mercredi au samedi à 21 h – Dimanche à 17 h

 

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