La Médiation au théâtre de Poche
Un quatuor de choc pour La Médiation. Un affrontement entre rires et larmes mené par quatre comédiens au top de leur forme. Julien Boisselier réussit sa deuxième mise en scène, en insufflant assez de légèreté pour que ressorte tout le comique de ce texte qui pourtant ne se contente pas d’être seulement drôle.
Elle ferait rire en lisant le bottin, dit-on d’une comédienne dotée de ce petit supplément qui la hisse du talent au génie. Ceux qui ont vu Raphaëline Goupilleau sur scène (Une souris verte, Molière de la Révélation, Même pas vrai il y a 3 ans au Saint-Georges) savent bien qu’aucun texte ne résiste à cette voix aux inflexions multiples, reconnaissable entre mille, pas même l’annuaire. Ou le code pénal.
C’est sur un article de ce rébarbatif pensum, cette bible juridique que démarre La Médiation. La voix de la comédienne envahit la salle plongée dans le noir. Il y est question de divorce, d’obligation parentale et de déontologie conjugale. Que des trucs tordants… Gonflé de la part de Julien Boisselier, « jeune metteur en scène de théâtre » comme il nous l’a confié à la sortie du spectacle (c’est sa deuxième mise en scène). La lecture n’est pas terminée, les lumières n’ont pas chassé le black-out que la salle se marre déjà.
Une médiation entre drôlerie et désespoir
En pleine rupture, Anne et Vincent acceptent de faire appel à une médiatrice qui doit leur faire entendre raison pour le bien-être de leur fils Archimède avant de passer devant le juge. La professionnelle est flanquée d’une assistante dont c’est la première médiation. Très vite, tout vole, chaise et noms d’oiseaux, reproches et menaces. La neutralité des médiatrices en prend aussi un coup dans l’aile et tout part en sucette…
D’un sujet qui aurait pu donner lieu à une comédie débridée dans la ligne de La Guerre des Rose, l’auteur Chloé Lambert, dont la plume s’avère brillante, en s’appuyant fortement sur une expérience personnelle, livre une plongée en eaux parfois très troubles dans les méandres des désordres amoureux. Si le ton de l’humour souvent vachard domine, il se nimbe parfois de la noirceur du désespoir.
Sans dévoiler ce qui s’opère tout doucement dans ces échanges, disons que rapidement, le rire s’estompe jusqu’au final qui va presque nous culpabiliser d’avoir pu trouver tout cela si drôle. Le spectre émotionnel s’élargit donc, que suivent les quatre comédiens dans une parfaite harmonie. Deux d’entre eux étaient aux Molière lundi dernier.
La Médiation
De Chloé Lambert
Mise en scène : Julien Boisselier
Avec Raphaëline Goupilleau, Julier Boisselier, Chloé Lambert et Ophélia Kolb
Décors : Jean Hass
Lumières : Emmanuel Jurquet
Costumes : Sandrine Bernard
Musique : Christophe La Pinta
Assistant à la mise en scène : Morgan Perez
Durée: 1h45 environ
Crédit photo : Brigitte Enguerand
Du mardi au samedi à 21h, dimanche 15h
Jusqu’au 17 juillet au Théâtre de Poche
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