Théâtrorama

Grand écart

Malgré des comédiens qui remplissent correctement leur cahier des charges, cette comédie américaine n’apporte rien à tous les sujets qu’elle soulève par faute d’un texte lourdingue, inutilement vulgaire et très rarement drôle.

New York. Un couple débarque dans l’appartement d’une ancienne star de la danse pour l’interviewer, en perspective d’un mémoire que doit rédiger madame. Il s’avère rapidement que ce travail universitaire n’est qu’un prétexte et que le couple cherche en cet homme autre chose qu’un expert du grand écart et de l’entrechat…
Le prisme de la traduction est décidément cruel. A l’instar du récent « Melinda et Melinda », la pièce de Woody Allen, ce « Grand écart » souffre en premier lieu d’une adaptation désespérément pesante. S’y glissent des vulgarités nombreuses qui, certes chez Blier pourraient se teinter d’une poésie urbaine et d’une drôlerie caustique mais plombent ici un propos déjà passablement élimé.

© Dunnara Meas

Sur à peine soixante-dix minutes, durée qui provoque un débit du texte à la mitraillette, n’est soulevée aucune problématique et la drôlerie se fait rare. On pourra sourire à quelques reprises mais ces moments retombent bien vite. Si les comédiens ne sont pas à blâmer, la mise en scène par trop statique ne hisse pas l’ensemble vers la légèreté inhérente au genre, appuyant même plus qu’il n’est décent le bon sentiment lénifiant et racoleur dans un final qui s’étire, s’étire…

Restent trois comédiens. Valérie Karsenti tout à fait convaincante n’a pourtant pas à défendre un personnage bien intéressant. Son partenaire François Feroleto, d’un rôle ingrat, s’en sort avec les honneurs et crée vraiment la surprise. Quant à Thierry Lhermitte, de son physique masculin qui évite toute caricature, inattendu dans ce registre, parvient à imposer un jeu plutôt nuancé. Mais là encore, était-il besoin d’appuyer aussi lourdement une référence à l’un de ses plus célèbres rôles théâtral et cinématographique, celui du « Père Noël… » en l’occurrence ? Pas sûr.

Grand écart
De Stephen Belber
Mise en scène : Benoît Lavigne
Traduction : Lucie Tiberghien
Adaptation française : Lucie Tiberghien et Benoît Lavigne
Avec Thierry Lhermitte, Valérie Karsenti, François Feroleto
Décors : Laurence Bruley
Lumière : Fabrice Kebour
Costumes : Cécile Magnan
Du 1er octobre au 31 décembre 2010
Du mardi au samedi à 19 heures, matinées le dimanche à 17h30

Théâtre de la Madeleine
19, rue de Surène, 75008 Paris
Réservations: 01 42 65 07 09
Site web
Durée : 1h10

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