Théâtrorama

Avec la faconde qu’on lui connaît, Marianne Sergent mène ce bal chic et trash à l’humour décapant, nimbé d’une grossièreté class et terriblement jubilatoire. Elle est entourée de très bons partenaires. Une équipe soudée pour un spectacle aussi intelligent que drôle. Immanquable.

L’artiste et le journaliste, ses deux frères, pas vraiment ennemis, pas non plus jumeaux, se toisant depuis la nuit des temps, chiens de faïence prêts à s’entredéchiqueter lorsque s’exacerbent les égos surdimensionnés de l’un ou l’autre côté du rideau (ou de l’écran)… Parfois s’immiscent dans cette guerre d’usure et de bon usage alcool et autres amuse-gueule qui déchaînent les passions…

Doris Darling, diva de la presse people à la plume trempée dans le vitriol et le pif dans une poudre pas très maquillante détient le pouvoir de faire et défaire une carrière en deux temps et trois mouvements. Elle est en permanence entourée d’une cour de drôle de zigues qu’elle se plaît à fustiger au gré de ses humeurs et de ses états. Mais ces souffre-douleur vont-ils accepter encore longtemps leur condition de défouloir de cette rombière ?

Un monde de requins
L’animation qui accueille les spectateurs -des requins serpentant en eaux chaudes- annonce la couleur. C’est un véritable jeu de massacre qui débute dès que la salle se plonge dans le noir. Un carnage à l’anglaise toutefois, avec tout ce que cela suppose de drôlerie vacharde qui ne se départit jamais d’une certaine classe, un peu à la manière des deux garces de la cultissime série « Absolutely Fabulous ».

Marianne Sergent appartient à cette trempe de comédiennes qui ont érigé la grossièreté au rang d’art, le patinant d’un vernis d’élégance. Le débit de langue percute, les mots font le reste. Drapée dans des tenues invraisemblables, elle incarne cette Doris Darling avec une irrésistible gouaille, un poil plus grossière qu’une Claire Nadeau mais tellement plus subtile que tant d’autres…

Autre grande qualité de la comédienne et qu’un tel rôle ne favorise pourtant pas : un art subtil de rester à sa place tout en l’occupant à merveille. L’homogénéité dans l’interprétation est d’ailleurs un des grands atouts de ce spectacle. Ils sont cinq sur la scène et réalisent un sans faute, sans empiéter sur les plates-bandes du voisin. Avec en prime une mise en scène très alerte sans être endiablée (le texte et les comédiens suffisent largement pour ça), ce divertissement qui mêle habilement la réflexion et la rigolade mérite amplement un passage du côté des Grands Boulevards.

[note_box]Une comédie anglaise de Ben Elton
Traduction, adaptation et mise en scène Marianne Groves
Avec Marianne Sergent, Amélie Etasse, François Siener, Eric Prat, Thierry Lopez. Scénographie : Gilles Touyard
Lumières Orazio Trotta
Vidéo : groupe Razmar
Conception sonore : Madame Miniature
Stylisme : Blandine Vincent
Maquillages : Guillaume Bellu
Coiffures et perruques : Jérôme Caron
Chorégraphies : Esther Linley
Coordination physique : U-Men Stunt[/note_box]

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