Cabaret Siméon de Wolfgang Pissors et Isabelle Serrand
Cabaret Siméon – Dans une mise en scène qui donne la priorité au « corps chantant, disant, jouant et dansant », tous les deux vêtus d’un costume noir et rouge, Wolgang Pissors et Isabelle Serrand font leur cabaret et nous convient à une déambulation dans la poésie de Jean-Pierre Siméon. Actuellement directeur artistique du Printemps des Poètes, l’œuvre poétique de Siméon s’appuie sur la puissance évocatrice des mots, la force des images et des métaphores.
La pianiste Isabelle Serrand a composé un écrin à cette poésie, renforçant le rythme musical des textes, en accentuant la douceur par des mélodies expressives, en suspendant le temps pour nous faire apprécier la suavité des mots.
Tout en finesse dans son interprétation musicale, sa présence discrète derrière le piano met en relief le jeu virevoltant, plein d’humour et de fausse naïveté de Wolfgang Pissors qui murmure, s’étonne, chante ou clame avec force les mots du poète en complicité totale avec le public. Sans aucune épate et sans artifice formel, les deux artistes laissent toute la place aux mots du poète et font de ce cabaret un spectacle équilibré, sincère, généreux et techniquement très maîtrisé.
« L’amour n’y a qu’ça d’vrai ! »
Avec humour, les mots se télescopent et créent des passerelles étranges comme par exemple ce raccourci étonnant entre les caramels mous et la mollesse des ces gens « mous, mous, mous qui collent aux dents de la vie ». Profondément ancré dans le monde d’aujourd’hui, Jean-Pierre Siméon pose un regard plein de tendresse sur ce qui l’entoure, affirmant sans mièvrerie que « L’amour n’y a qu’ça d’vrai ! » quand » tout décidément menace ».
Renouant avec les thèmes chers aux grands poètes de tous les temps, il nous parle de la mort qui ne manquera pas de venir ou de la vieillesse. Wolfgang Pissors passe le message et chante avec la même légèreté que « nous serons vieux, très vieux enfin (…) mais heureux que l’avenir change de main ». Avec le poète, il nous invite à ne rien retenir, à savourer juste l’instant car » tout décidément s’efface ».
Du mari non bricoleur qui supplie sa femme de continuer à l’aimer malgré ce défaut majeur à la foule dans le métro qui nous « rend bouchonnés », au-delà du blues du quotidien, Siméon nous conduit aussi, par des chemins de traverse, sur les sentiers du doute, de la nostalgie et du temps qui passe. Sans jamais s’appesantir il en fait juste le constat comme le marcheur qui découvre un chemin caillouteux et plus difficile que les autres. Même si le poète flirte parfois avec le désespoir, il le cache sous l’élégance pudique des mots.
Dans un murmure, il nous rappelle juste que « ce n’est pas le froid qui tue, c’est le manque de tendresse ». En toute simplicité, en une seule phrase qui nous arrive en plein cœur, tout est dit.
Cabaret Siméon
Interprétation & Mise en scène : Wolfgang Pissors & Isabelle Serrand
Durée : 1 h15
Jusqu’au 12 Novembre 2016 au Théâtre Essaïon à 19h30
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