Théâtrorama

Bronx

Avec l’humanisme qui perle sur chacun des sujets qu’il aborde, Steve Suissa s’empare d’un matériau difficile qu’il réussit à dompter, grâce à une mise en scène très sobre et l’hypnotique présence de Francis Huster plus pluriel que jamais. Beau travail.

Le décor semble tout droit sorti d’une scène du chef d’œuvre de Sergio Leone « Il était une fois en Amérique ». Un quartier du Bronx où vivent les Italo-Américains. Tout y sent la pègre, le soufre, la poudre. Un bar à quelques encablures de là où vit Cologio, gamin de neuf ans qui par le plus malencontreux des hasards se retrouve un jour témoin d’un meurtre. En se taisant, il sauve la peau d’un homme qui, en guise de reconnaissance, le prendra sous sa coupe, lui faisant découvrir un milieu totalement opposé à celui, très honnête mais pauvre, dans lequel il grandit.

Ce spectacle voit s’opérer la conjonction d’un metteur en scène qui a toujours placé l’Homme au cœur de son œuvre et sa rencontre avec un comédien dont le physique et la voix incarnent la profondeur humaniste, celle là qui le fit triompher dans « La Peste » de Camus la saison dernière. La parenté du comédien avec l’académicien semble se poursuivre sur cette scène où pourtant les personnages sont loin d’être des modèles de philanthropie. Francis Huster possède cette remarquable agilité de jeu lui permettant de rendre ses personnages sympathiques. Il parvient à proposer la part de soleil qui est en eux sans pour autant effacer celle, plus glauque, où planent les ombres noires de leur passé.

Steve Suissa est un metteur en scène profondément épris de l’être humain. Au cinéma, avec quelques films remarquables tels que « Le grand jeu », « Cavalcade » et plus récemment « Mensch » (« l’Homme » en allemand…) dans lequel un casseur laissait sa part d’humanité prendre le dessus. Au théâtre également où il a mis en scène il y a quatre ans Evelyne Bouix dans « La femme rompue » de Simone de Beauvoir. Avec son art de la mesure, de la pudeur et sa profonde sincérité, il réduit les effets de mise en scène à leur strict minimum pour mieux faire ressortir la qualité du texte par celui qui le joue. Lorsque ce dernier s’appelle Francis Huster, comédien caméléon qui se donne avec passion à son public en endossant ici pas moins de neuf rôles qu’il fait vivre avec ferveur en modulant sa voix à l’envi, ses regards, ses expressions, le bonheur et aussi dans la salle.

[note_box]Bronx
De Chazz Palminteri
Adapté par Alexia Perimony
Mis en scène : Steve Suissa
Avec Francis Huster[/note_box]

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