Théâtrorama

L’Envers du décor, comédie bien pensée ?

L’Envers du décorL’Envers du décor inspire le public marseillais… Les rires font presque partie des répliques tout au long de ce vaudeville qui sort les grosses ficelles. Et plus les coutures sont apparentes, mieux c’est.

Conversation de couple où chacun joue son rôle. Daniel, éditeur sans histoire, partageant son bonheur routinier avec sa femme, son égal intellectuel et sa partenaire de tranquillité, est au bord de la tempête. Impulsion naturelle, il a invité à dîner, sans se concerter avec sa compagne, un de ses bons amis qui vient de rompre avec sa femme, qui est la meilleure amie de la sienne, pour se mettre en ménage avec un modèle plus jeune et plus blond. La pomme de discorde se met à table, le ver est dans le fruit sans trop de poésie. Daniel, pactisant avec son épouse adopte la tactique de se couler dans le courant pour éviter le conflit. Sa femme, sentant la menace du Démon de midi et la tentation de reproduire la situation, adapte la stratégie d’accepter pour mieux dissuader. Le dîner aura lieu. Deux couples, quatre motivations, beaucoup de clichés et autant de pensées.

De Kvetch à L’Envers du décor

L’originalité de la pièce de Florian Zeller, écrite pour Daniel Auteuil qui en profite pour signer la mise en scène, repose sur les apartés audibles des personnages. Les pensées deviennent des répliques qui décortiquent la mécanique des corps et les ressorts psychologiques. Des sous-titres explicites qui pourraient répondre à la question rituelle des amoureux en quête d’absolu « à quoi tu penses ? » (une pensée au passage pour le brillantissime texte d’Hervé Le Tellier « Les Amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable », mis en scène par Frédéric Cherbeuf). Le procédé fonctionne jusqu’à devenir indigeste, parfois, et nous laisser sur notre faim, face à la pauvreté du verbe.

L’Envers du décor

 

Heureusement, les comédiens sont là pour relever la sauce, Daniel Auteuil en tête. Cabotin à souhait, il réjouit une salle conquise à sa cause. Isabelle Gélinas, juste et efficace. François-Eric Gendron et Pauline Lefèvre jouent parfaitement leur partition. On aurait volontiers aimé leur octroyer plus d’espace pour croiser davantage les duos. Mention spéciale pour Jean-Paul Chambas et Carole Metzner pour des décors qui valent le détour.

 

Alors, oui, on passe un bon moment dans cette pièce légère, mais on ne peut pas s’empêcher de penser sans aparté à « Kvetch » de Steven Berkoff, publiée en 1986 et qui repose sur le même concept de double discours, la puissance textuelle satirique de l’auteur en plus. L’Envers du décor apparaît alors comme une pâle copie. La pièce se prend les pieds dans le tapis, ce qui n’empêche pas les rires de fuser et un des spectateurs de lancer à la fin de la pièce « ça fait réfléchir cette pièce ! ».

L’Envers du décor
Texte Florian Zeller
Mise en scène Daniel Auteuil
Assistante mise en scène Annette Barthélémy
Avec Daniel Auteuil, Isabelle Gélinas, François-Eric Gendron, Pauline Lefèvre
Création décor Jean-Paul Chambas avec la collaboration de Carole Metzner
Lumières Alain Poisson
Assistant lumières Sébastien Böhm
Création costumes Jean-Paul Chambas avec la collaboration d’Alice Cambournac
Crédit photo : Céline Nieszawer

Vu au Silo à Marseille

 

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