Théâtrorama

Le Petit Chaperon Rouge de Joël Pommerat

Théâtre-national-LE-PETIT-CHAPERON-ROUGEDans un univers onirique, cher à Joël Pommerat, nous plongeons les yeux fermés dans un voyage initiatique. Le Petit Chaperon Rouge, tout vêtu de blanc, perd son innocence, tout comme dans la version de Charles Perrault et des Frères Grimm. Le conte est enrichi, dans cette version inédite, d’une liberté rafraîchissante et d’une sobriété scénique percutante.

La mise en lumière, dans laquelle excelle le talentueux Eric Soyer, crée, par ses projections épurées, une atmosphère et un décor étranges. Une lumière qui hypnotise et met en exergue les nuances de blanc et de noir. La face cachée des peurs et des désirs qui animent les protagonistes de cette histoire au schéma ancestral, est ainsi montrée tout en subtilité.

Filiation, Initiation, Transmission

L’atmosphère sonore à la fois grandiose, familière et effrayante, réveille nos peurs archaïques. Elle alterne entre une musique raffinée et cinématographique et des bruitages et des sons primaires semblant issus des ténèbres de nos parts animales, tel celui du loup dévorant ses proies. Une fillette en soif d’existence voit son ennui résonner dans une solitude imposée par sa génitrice. Elle se retrouve face à une mère froide, dépourvue d’instinct maternel, juchée sur des hauts talons fictifs, claquant leur musique glaciale et mécanique au sol. Mère inaccessible, femme belle et monstrueuse à la fois. Au propre comme au figuré, car le personnage se transforme pour le jeu en une bête féroce qui initiera le subconscient de l’enfant au frisson de la peur et du plaisir des émotions fortes à ressentir.

Rêves et cauchemars jalonneront ce parcours de l’enfance à l’âge adulte en passant par la puberté. Imprudente et provocatrice, Le Petit Chaperon Rouge est séduit par l’interdit et motivé par le challenge de la construction et de l’affirmation du soi dans sa filiation. De la mère à la grand-mère, sujets d’identification. Du blanc au rouge. De la représentation du père via le loup, le prédateur, objet du désir, de l’autorité et du danger. La transmission transgénérationnelle proposée ici par Joël Pommerat, fonctionne toujours aussi puissamment.

Le Petit Chaperon Rouge
Mise en scène : Joël Pommerat
Assistant : Philippe Carbonneaux
Avec  en alternance Ludovic Molière, Rodolphe Martin, Lionel Codino, Isabelle Rivoal, Murielle Martinelli, Valérie Vinci
Scénographie & costumes : Marguerite Bordat
Scénographie & lumières : Eric Soyer
Durée : 45 minutes
Crédit photo : Elisabeth Carecchio

Vu au théâtre National à Bruxelles, puis en tournée.

Tous les textes de Joël Pommerat sont publiés aux Editions Actes Sud-Papiers

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