Théâtrorama

Enfer

Vous aviez loupé le Purgatoire ? Vous pouvez signer pour Enfer les yeux fermés, en attendant le Paradis avec impatience. Le deuxième volet de la trilogie de Dominique Bréda met le feu à la scène du Théâtre de la Toison d’Or, grâce à la bande de joyeux diables qui se démènent pour torturer vos zygomatiques et vous dérider sans forcer.

L’Enfer n’est pas forcément là où on l’attend… Et il suffit parfois de ne pas chercher bien loin pour se confronter à son châtiment suprême. Ici, vous ne trouverez pas de barbecue sur lequel griller, ni de bain bouillonnant pour vous faire mijoter à feu doux. Exit les clichés habituels du jardin des supplices, pour revenir à un univers où l’absurde fait sa loi sur fond d’un cynisme sulfurique.

Les sketchs s’enchaînent à un train d’enfer, pour dérailler vers des situations drolatiques, qui poussent le bouchon de l’eau bénite très loin, avec des comédiens qui ont de la bouteille pour servir au public un cocktail savoureux d’humour noir et de dérision.

Sans rédemption !
Pas le temps d’aller crescendo. La pièce place la barre très haut dès le début avec deux scènes en coup d’éclats de rire. Une voix off revendicatrice qui se fait trucider en live et un morceau d’anthologie sur les pensées profondes d’un embryon en pleine division cellulaire, incarné par des petites lampes s’agitant dans le noir comme des lucioles qui sympathisent entre elles. On passe d’un médecin pince-sans-rire à un pape à la retraite homophobe, d’une thérapie de couple qui tourne court à une famille dépressive en mal de communication, d’une émission qui vire au dîner de cons à un remake déjanté du Titanic se terminant en partouze… La « normalité » finit toujours par déraper pour basculer dans un non-sens parfois poétique, souvent hilarant.

Pas de liens entre les scènes, annoncées sous la forme de chapitres qui finissent par se mélanger les pinceaux et les pêchés capitaux. Pas d’ordre apparent, donc, dans ce chaos généralisé, si ce n’est que derrière l’épidémie de rire qui se déclenche en tarte à la crème qui atteint sa cible, se dissimulent quelques vérités bien senties, comme des rappels à la réalité qui titillent la réflexion. Moment de grâce quand Jean-François Breuer interprète ce commandant de bord, Saint-Exupéry en filigrane, qui exécute le sale boulot de la guerre et qui expie en vivant avec son petit prince à ses côtés. Texte mordant, mise en scène bien rythmée et comédiens délirants, Enfer vous mène droit au 7ème ciel de l’humour. Vivement le Paradis !

Enfer
Écrit et mis en scène par Dominique Bréda
Avec Jean-François Breuer, Catherine Decrolier, Thomas Demarez, Julie Duroisin et Amélie Saye
Assistant : Bertrand Daine
Création lumières : Thomas Vanneste
Du 11 septembre au 18 octobre
Du mercredi au samedi à 20h30

Théâtre de la Toison d’or
TTO Théâtre
396-398 Galeries de la Toison d’Or, 1050 Ixelles
Réservations : 02/510 0 510

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