Sweet Home revient à l’Espace Magh
Sweet Home – Rêve d’ailleurs et faux départ… Pas si facile de quitter son home sweet home et de faire le grand saut dans l’inconnu. Après le très réussi Aura popularis, le collectif Arbatache était attendu au tournant. Ces quatorze artistes bruxellois, qui ont fait de l’engagement leur point commun, parviennent une fois de plus à toucher le public avec un spectacle plus sombre que le précédent.
Ne vous fiez pas à l’affiche qui a des faux airs du film L’Exorciste. Pourtant, les personnages sont bien possédés par ce désir de partir. Une façon de quitter la pesanteur du présent, comme ce jeune homme nihiliste qui n’a plus rien à attendre de la Terre et décide d’embarquer en mission pour Mars. Partir pour disparaître un peu à la façon de l’homme qui se fond dans le virtuel de Second Life.
Home Sweet Home
Une urgence de changement, de feinter le temps qui passe. Une envie d’ailleurs qui brise les couples ou les resserre en fusion pour mieux trouver une oasis de composition. Ces deux amoureuses se penchant sur le berceau de leur fils, Adam, comme on regarde le futur avec espoir, caressent ainsi l’utopie de trouver le bonheur en vase clos. Tous les protagonistes sont prêts à abandonner leurs situations pour s’aventurer vers un horizon nouveau rempli de promesse.
« La terre est le berceau de l’humanité, mais on ne passe pas sa vie dans un berceau »
Sweet Home s’organise en saynètes, entrecoupées d’intermèdes musicaux, qui ressemblent à des shake up sonores brouillant un peu plus les repères. Les personnages se croisent en particules élémentaires qui s’entrechoquent dans un espace parfois futuriste. La première scène où un anniversaire surprise se transforme en tirade sur la vacuité de l’existence, plombant pour le peu la fête, donne le ton. Cette écriture collective, brillante et détonante, exprime des réflexions sans concession sur la réalité. Une métaphysique mélancolique dynamisée par une mise en scène rythmée, réalisée également par le collectif.
Le public retrouve la patte d’Aura popularis. Des notes d’humour allègent une vision opacifiée de l’existence. Par ces thèmes de société disséqués, le collectif distille habilement des touches de modernité sur scène, reflet d’une civilisation en mouvement. Les comédiens jouent avec l’espace comme des danseurs qui occupent la scène. Une atmosphère onirique où la poésie fait partie du voyage. Et le public se laisse volontiers embarquer dans leur univers…
Sweet Home
Ecriture, jeu et mise en scène : collectif Arbatache
Avec Ahmed Ayed, Bruno Borsu, Julie Dacquin, Martin Goossens, Zoé Janssens, Ilyas Mettioui, Mathilde Mosseray, Camille Sansterre et Corentin Skwara
Régie : Bào Ngouansavanh
Création vidéo :Yoann Stehr
Scénographie : Thomas Delord
Costumes : Mathilde Glorian
Crédit photo: Charlotte Sampermans
Vu au Théâtre Marni dans le cadre du festival Propulse
À l’Espace Magh du 19 au 29 octobre
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