Le Garçon de la piscine de Salvatore Calcagno
Le Garçon de la piscine – Un ange passe en robe blanche et en talons, poussant devant elle une glacière. La pièce s’ouvre sur ce moment de grâce. Le silence presque : tout est vrai comme au cinéma. Il faut faire confiance à Salvatore Calcagno ; rien sur le plateau n’est laissé au hasard.
Le Garçon de la piscine, explique le metteur en scène est un hommage à ceux qui passent leur journée sur la place du village, entre la plage et la maison. Une petite bande se retrouve, se prête au jeu des questions-réponses. La rue leur appartient, ils sont jeunes mais que savons nous au juste de leur futurs, de leur rêves ? Ils ont le verbe haut, ils s’emportent facilement mais l’on s’attache à eux. Ils n’écrivent pas l’histoire, le monde ne les attend pas mais nous nous intéressons à eux. Pour un peu, il feraient partie du décor : ils ne quitteront jamais le village.
Les caïds ont pour eux la force, le charisme, l’énergie. Le magnétisme de leurs jeux de mains fascine auteurs, cinéastes et metteurs en scène. Pas seulement les mauvais garçons, mais aussi des jeunes un peu perdus. Salvatore Calcagno taille dans cette vie brute un moment rare de théâtre. Les tableaux s’enchainent et il n’y a pas d’histoires ; ce sont des personnages que l’on rencontre, des ambiances dans lesquelles nous sommes plongés. Il y a peu de textes, les paroles s’échangent en italien comme en français sans que cela ait d’incidence. Il y a moins à comprendre qu’à ressentir. Les comédiens ont quelque chose de danseurs et les scènes de classe de musique, très drôle, ont tout de pantomimes.
La temporalité floue, la frontière entre rêve et réalité indistincte contribue à l’immersion dans l’univers du metteur en scène. Les apparitions de l’ange en talons questionnent le lien entre souvenir et fantasme. La bande-son empruntée autant à Nino Rota qu’à Ennio Morricone nous amène ailleurs : une reconstitution où tout est assez beau pour être vrai. Un ponton suffit à suggérer une piscine, une glace nous amène en été. Des clins d’œil au cinéma et à la littérature établissent une complicité d’imaginaires. Le trouble de la sexualité, l’audace de l’amour nous expose : les comédiens à nu, ou en maillot de bain, nous les font ressentir.
Le Garçon de la piscine est une ode sensuelle à la jeunesse, aux jours d’été et aux moments de fièvre. C’est une pièce aux contours intimes sur lesquels nous pouvons tous projeter nos films de vacances.
Le Garçon de la piscine
Mise en scène : Salvatore Calcagno
Ecriture : Salvatore Calcagno et Emilie Flamant
Interprétation : Romain Cinter, Emilie Flamant, Clément Goethals, Sophia Leboutte, Vincent Minne, Antoine Neufmars et Coline Wauters
Création Lumière : Amélie Géhin
Dramaturgie : Douglas Grauwels
Costumes : Adriana Maria Calzetti
Maquillage: Edwina Calcagno
Durée : 1h10
Crédit photo: Michel Boermans
Vu au Centre Wallonie-Bruxelles
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