Théâtrorama

Clôture de l’amour – mis en scène par Sandro Mabellini

ClotureDeLAmour-IsabelleDeBeir_1088-2-light-300x300Clôture de l’amour, c’est tout simplement l’histoire d’une rupture, celle de Stan et d’Audrey.

Sur la scène du théâtre des Martyrs de Bruxelles, deux monologues ininterrompus de 45 minutes s’enchaînent : d’abord celui de Stan qui annonce à celle qu’il a tant aimé qu’il la quitte, puis celui de cette dernière, Audrey, coeur brisé qui tente, malgré l’accablement, de mettre de l’ordre dans ses pensées et d’apporter une réponse sensée, de rendre les coups. De rester forte, au moins un peu. Dès les premiers mots de la pièce, le fatalisme de l’auteur s’exprime puisqu’il souligne l’impossibilité d’aimer une seule personne toute sa vie. Mais cet échange, aussi dur et violent soit-il, reste, paradoxalement, une ode à l’amour. La puissance implacable de l’oeuvre réside d’abord dans son texte : une description méthodique de la complexité du sentiment amoureux, des espoirs et des déceptions qu’il porte. À cela s’ajoute un jeu d’acteurs très réussi, qui fait de cette pièce un incontournable de ce début d’année.

Col bateau

Malgré la difficulté inouïe que représente un soliloque ininterrompu, la diction de Sandrine Laroche et Pietro Pizzuti est parfaite. Les deux acteurs savent respecter le rythme tantôt saccadé, tantôt fluide du texte et lui donner vie avec passion. Leurs corps prolongent – voire accentuent – les mots, et même dans leurs silences successifs, lorsqu’ils « encaissent » la tirade de l’autre, s’interdisant de la couper, leur posture a tout d’une réponse silencieuse à ces attaques verbales inattendues. Nuques qui s’avachissent, jambes qui vacillent, poings qui triomphent, regards qui défient : aucune gestuelle n’est laissée au hasard. Et il y a aussi ce pull à col bateau que porte Audrey, qui peut se voir comme le témoin de ses émotions : quand elle « cogne », quand elle se bat, l’étoffe couvre bien les épaules de cette femme fière et droite, mais quand elle laisse la tristesse l’envahir, quand elle faiblit, les mailles, comme elle, lâchent du lest, et tout le malheur qui s’abat sur Audrey semble soudain incarné dans ce pull violet trop lâche. Enfin, le décor minimaliste (quelques chaises seulement habillent la scène, personne ne s’y assied) sert le pouvoir dévastateur des phrases et laisse l’espace aux acteurs pour habiter et vivre pleinement cette terrible Clôture de l’amour.

Clôture de l’amour
Texte de Pascal Rambert
Avec Sandrine Laroche et Pietro Pizzuti
Mise en scène : Sandro Mabellini
Photos : Isabelle De Beir
Jusqu’au 10 février au Théâtre des Martyrs, du mardi au dimanche

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