Vaille que vivre (Barbara)
Alors que les hommages se multiplient pour la vingtième année de la disparition de Barbara, le festival d’Avignon a réuni le pianiste prodige Alexandre Tharaud et Juliette Binoche pour une lecture musicale évoquant la vie et les chansons de l’artiste.
Une absence déconcertante
Dans la cour du lycée Saint Joseph, le mistral secoue le drap noir qui recouvre le piano. C’est d’abord une absence qui frappe, mise en avant par les spots braqués sur la scène. Le propos de ce spectacle est de nous faire entendre Barbara autrement, sans sa voix, de faire ressentir la perte d’un tel talent. Juliette Binoche ne se risque pas au chant, tout au plus fredonne-t-elle certains airs comme elle joue du piano du bout des doigts. Elle prend le parti de dire pêle-mêle les paroles, les correspondances, les témoignages publics sans qu’on puisse d’ailleurs toujours les distinguer. Le portrait assez classique n’est pas sans humour. Les chansons les plus connues se révèlent autrement dans la voix traînante et inspirée de l’actrice et les mots prennent un autre sens.
L’amour du piano
Alexandre Tharaud ne cherche pas non plus à imiter la Dame en noir. Arrivant sur scène avec un piano pour enfant, s’essayant à l’accordéon puis au synthétiseur, il touche à tous les claviers cherchant à retrouver à chaque fois l’apparente simplicité qui caractérise les musiques de Barbara. Peu, voire pas d’arrangement, juste la pureté des notes dans des enchaînements complexes. Ces petites phrases qui ont fait le succès de la musicienne, de la chanteuse donnent lieu à des interprétations jazz, des variations brillantes et personnelle qui témoignent d’une vrai appropriation. Quand il prend la parole, moins apprêté que la comédienne, il est finalement plus juste dans l’hommage.
Entretenir le mythe
En insistant sur la disparition de Barbara, ce spectacle entretient finalement le mythe autour de la chanteuse. La communauté qui se rassemble autour de sa parole et de ses chansons intemporelles trouvera sans doute une nouvelle occasion de communier avec cette douce tristesse, cette légèreté ironique. Les grands effets de scènes et de lumières répondent au besoin d’un public avide d’émotions. Dramatiques, tragiques mais aussi joyeux et frivoles les éclairages font se succèder les ambiances parfois de manière brusque. Cela ne manque pas de rythme, ni de moyens, peut-être un peu de délicatesse.
Festival d’Avignon
Vaille que vivre (Barbara)
Textes : Barbara
Lumière, scénographie : Éric Soyer
Collaboration artistique : Vincent Huguet et Chris Gandois
Avec : Juliette Binoche, Alexandre Tharaud
Crédit photos: Christophe Raynaud de Lage
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