Don[a] Juan[e] Le Match
Don[a] Juan[e] Le Match – Du théâtre interactif que n’aurait pas renié Molière. La scène devient un ring pour une représentation des plus sportives et la salle s’échauffe pour soutenir son camp. Moderne et inventive, la création de la compagnie Dynamythe ouvre un nouvel horizon dramaturgique.
Donner un souffle nouveau à Dom Juan ? Une gageure réussie pour cette nouvelle version proposée à l’Espace Roseau. Dom Juan se féminise, et les personnages masculins sont joués par des femmes, pour livrer une orientation intéressante, qui permet une nouvelle lecture de la pièce. Au-delà de cette inversion des genres, la pièce devient un match où le spectateur commence par choisir son équipe.
À vous de décider si vous souhaitez faire partie des Justes ou des Libres. La salle est donc découpée en deux, séparée par une frontière symbolique, pour répartir les supporters de Don[a] Juan[e], défenseurs d’une liberté absolue, jusqu’à l’individualisme, et les supporters des autres personnages, en quête de valeurs morales plus mesurées. Le public est invité à participer pour soutenir ses positions et aiguiller les comédiens dans leur interprétation, à la façon d’un jeu de rôle.
Oranges versus Verts
Le concept d’un théâtre pédagogique, qui fait participer le public dans une maïeutique collective, n’est pas nouveau, mais l’organisation du projet est ici particulièrement réussie, grâce à la parfaite maîtrise des comédiens (une mention spéciale pour l’excellentissime Noémie Sanson dans le rôle de Sganarelle) qui orchestrent la partition théâtrale. Le spectateur perd ses repères et peine parfois à se saisir des règles du jeu qui lui offre une liberté d’expression dans un espace habituellement réservé au silence.
La part d’improvisation est savamment mesurée, jusqu’à désorienter le public qui ne sait plus démêler la réalité du jeu. L’arbitre, interprété par Hervé Charton, mène la danse comme un savant qui dirige une expérimentation de laboratoire. La parole a parfois du mal à se libérer et le débat à s’installer, mais l’objectif est atteint : l’art devient démocratique.
Interprète(s) : Cyril Boccara, Hervé Charton, Sandra Leclercq, Noémie Sanson, Jean-René Oudot, Louise Roux / Mise en scène : Cyril Boccara / Dramaturgie : Céline Candiard / Lumières : Aurélia Gonthier, Baptiste Mongis, Olivier Girard / Scénographie : Amandine Livet / Costumes : Marion Benages, Nathalie Alexandre
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