
Festival Off d’Avignon : Gros
Gros de Francky Corcoy – Il est des hommes qui font du contact des griffes le touché d’un velours. Il est des gens qui transforme la violence en douceur, l’histoire en présent qui désire. Francky Corcoy fait partie de ces gens-là. Il a leur pouvoir, il a leur puissance.
Gros démarre avec son titre : qui irait voir un spectacle de danse qui s’appelle Gros ? Ceux que l’apparente antinomie intéressent. Ceux qui savent que depuis quelques décennies, la minceur et la danse ne vont plus ensemble. Le danseur, gros effectivement, comme attendu, comme souhaité, comme annoncé sur l’affiche, démarre debout, fond de scène, devant un rideau noir criblé d’une foule d’hommes et de femmes comme on les voit dans les débuts du cinéma (excellent travail de la vidéo dans ce spectacle). Le danseur avance, lentement, avec une légèreté infinie. Début, origine et avancé: voici les thèmes plantés. Avec ce spectacle, Francky Corcoy nous offre un retour sur ce qu’a été sa vie. Il fait une autobiographie de l’explication : ce qui est au centre de cette rétrospective, c’est le rapport à un corps non conforme.
Un danseur qui fait le poids
Dans une danse épurée, Francky Corcoy nous fait le récit d’une réconciliation. Son corps lévite, et nos attentes sont définitivement comblées: oui, un gros qui danse. Il y a des mots qui résument à eux seuls le ressenti d’une myriade de sentiments: ils donnent en un coup le fruit d’une intuition complexe. Ici ce mot serait douceur. La douceur advient au plateau, elle s’y glisse et s’y diffuse. La musique (excellente également) l’y aide, le visage, le corps en transpirent. Tout est douceur et quand nous sortons de la salle pour rejoindre la chaleur des rues avignonnaises, nous sommes nimbés de son voile. Merveilleux cadeau. Cadeau de vie.
Gros
Chorégaphie et danse : Francky Corcoy
Mise en scène: Mariana Lézin
Musique: benjamin Civil
Vidéos: Grégoire Gorbatchevsky
Lumières: Mikaël Oliviero
Durée : 35 minutes
Jusqu’au 26 juillet au Théâtre du Centre à 16h20