Le tandem Montalvo-Hervieu revient avec un nouveau spectacle mosaïque autour du mythe d’Orphée. Un joyeux charivari musical et chorégraphique oscillant entre la rêverie et la frénésie. Une explosion d’idées et de talents qui fait vibrer le Théâtre national de Chaillot.
Un jeune homme marche le long des quais parisiens de la Seine. Chez les bouquinistes, il découvre un livre, le mythe d’Orphée. Le poète descendu aux enfers pour récupérer son Eurydice, c’est lui aussi.
On entre dans les chapitres de l’histoire, comme on se laisse emmener dans une farandole. Une quinzaine de danseurs, chanteurs et musiciens, petits, grands, équilibristes, handicapés, asiatiques, africains, blancs, métissés, breakeurs, classiques… sautent, virevoltent, chahutent, chantent, se meuvent avec technique et grâce au fil des tableaux. Comme à leur habitude José Montalvo et Dominique Hervieu offrent un spectacle bigarré et baroque où tout se mélange, sans que l’on se choque de cet étrange canevas.
Une descente au paradis
On a du mal à retrouver les exploits d’Orphée, sinon par quelques bribes de texte en début de chapitre, l’idée pour les chorégraphes-scénographes étant davantage de développer les thèmes reliés à ce classique de la mythologie grecque : l’animalité, l’amour, la séparation, les pulsions de vie et de mort. Comme « c’est le privilège des légendes d’être sans âge » – annonce une voix féminine – la polyphonie des époques et des genres est donc pratiquée sans complexe. Et l’on se délecte des notes de Monteverdi ou de Gluck s’entrelaçant avec les rythmes brésiliens, ou des chants lyriques qui dialoguent avec l’Afrique. On se surprend à sourire de ces étonnantes et fantaisistes vidéos d’animaux, de peintures classiques, de danseurs filmés en gros plans et projetés sur un fond de décor unique.
Ici, les pas de deux côtoient les figures de hip-hop et les valides dansent avec les handicapés. Une bonne claque flanquée au spectateur souvent pétri de préjugés sur l’infirmité. Brahem Aïache, unijambiste de 20 ans, redéfinit le hip-hop au sol. Ses béquilles ne sont pas un appareillage, mais des parties de lui-même. Ses chorégraphies seules ou en duo avec l’échassier-acrobate Karim Randé du Cirque du Soleil ou Babacar Cissé, sont magistrales et d’une bouleversante intensité. Cet Orphée, empreint de fragilité, de puissance et d’humour, est l’un des spectacles les plus aboutis de Montalvo-Hervieu. Une heure quinze de descente… au paradis !
[slider title= »INFORMATIONS & DETAILS »] Orphée (site web)
Chorégraphie de Dominique Hervieu et José Montalvo, assistés de Joëlle Iffrig
Scénographie et conception vidéo de José Montalvo et collaboration artistique à la vidéo de Pascal Minet
Danseurs : Stéphanie Andrieu, Natacha Balet, Morgane Le Tiec, Delphine Nguyen, Brahem Aiche, Babacar Cissé, Grégory Kamoun, Karim Rande, Stevy Zabarel
Chanteurs et musiciens : Soanny Fay, Sabine Novel, Théophile Alexandre, Blaise Kouakou, Merlin Nyakam, Sébastien Obrecht et deux musiciens au théorbe (en alternance) Florent Marie / Rémi Cassaigne
Costumes de Dominique Hervieu
Musiques de Claudio Monteverdi, Christoph W. Gluck, Philip Glass
Lumière de Vincent Paoli
Infographie de Franck Chastanier, Sylvain Deçay, Clio Gavangni, Michel Jaen Montalvo, Basile Maffone
Du 19 mai au 19 juin 2010
Du mercredi au samedi à 20h30. dimanche, 15h30. Relâche lundi et mardi.
Théâtre national de Chaillot / Salle Jean Vilar
1 place du Trocadéro, 75116 Paris
Renseignements : 01 53 65 30 00
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