Théâtrorama

Nourritures – L’éveil des sens

Nourritures, les influences gidiennes de Marie PerruchetMarie Perruchet revendique volontiers les influences cinématographiques et littéraires de ses créations comme en témoigne le nom même de sa compagnie, Body double. Avec Nourritures, elle s’inspire pour sa chorégraphie du roman-poème de Gide Les nourritures terrestres, une gageure.

C’est dans la pénombre que l’on découvre le corps des trois danseurs. Au premier plan, un homme torse nu qui se prête à l’hésitation et guide les regards. Entrera-t-il ou non dans la lumière ? Les corps féminins, nus et baignés de rouge à l’arrière plan évoquent des statues, quelque chose des idoles païennes de la fécondité. Image par image, la chorégraphie se fait l’écho d’une initiation sensuelle qui culmine par des figures de portées. Les trois danseurs se rencontrent finalement en milieu de scènes pour des moments de corps à corps. Les costumes sont basiques, tunique, chemise amples et salopette comme une ébauche de recherche mais fendues par ici, découvert par là ils laissent apercevoir la peau et un début d’érotisme. L’un pour l’autre les danseurs sont des appuis, ils développent ensemble des figures fugaces et caressantes.

Un trouble mélodique

Toute la pièce oscille entre la musique charnelle et intime de Josef van Wissem et les arrangements presque religieux de Bach par Alex Liebermann. Entre les cordes et les vents une tension que la chorégraphe exploite et qu’elle traite comme la personnification du désir. Tantôt organique, tantôt liturgique la célébration des corps que reprend Marie Perruchet évoque tout à fait le climat de l’œuvre gidienne. Il s’agit d’une ode pour trois danseurs, ode au plaisir de s’effleurer, de se chercher et parfois de se trouver. Il arrive que les enchaînements repris en simultanée donne plus qu’un écho une impression d’unité. Troublante trinité autant profane que sacrée. Les corps eux-même en résonnance s’attirent et se repoussent en se prenant au jeu d’une découverte de l’espace.

Une lumière subtile

L’espace se révèle de par les mouvements des danseurs et les jeux de lumière. C’est une surface que l’on explore par des allers retours entre avant et fond de scène. Il n’y a pas de timidité mais un jeu entre l’intime et l’universel, des gestes mille fois répétés et sans cesse redécouvert. La lumière du jaune au rouge offre différentes nuances de chaleur humaine. Il s’agit d’un parcours dans la matière même du texte, dans la chair qu’a essayé de saisir Gide dans ses premiers frémissements. Quand enfin le danseur tout en retenu Nicolas Travaille s’approche du public comme pour lui confier un secret et que la lumière comme un rideau se ferme sur lui, la confession s’achève : nous sommes dans la confidence.

 

Nourritures
Chorégraphe : Marie Perruchet
Assistante : Aurore Godfroy
Assistant chorégraphique : Xavier Perez
Pièce pour 3 danseurs
Distribution : Aurore Godfroy, Marie Perruchet Nicolas Travaille
Musique : Alex Liebermann
Lumières : Tanguy Gauchet
Crédit photos: Héloïse Guichard

Vu au Tarmac

Dates de tournée
Les 26 et 27 janvier au Café de la Danse (Paris)
Le 26 mai au Théâtre Châteaubriant de Saint-Malo

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