Hêtre

L’agrès hêtre et l’être humain se cherchent et se trouvent le temps d’un court moment fascinant et hypnotique.

Un plateau plongé dans le noir. Suspendue, immobile, une branche isolée à la forme ondulée, est enveloppée d’un faible halo lumineux. Du mouvement. Une silhouette se distingue, celle de l’humain, en quête d’un ailleurs, d’un envol éphémère.

La danseuse aérienne Kamma Rosenbeck, magnifique de volupté et de sensualité, approche lentement, et se familiarise au gré de ses déplacements gracieux et de ses délicates oscillations avec un objet inanimé. La venue de sa partenaire va donner l’impulsion nécessaire à ce rameau de bois qui tournoiera jusqu’à l’étourdissement, ivre de sa propre liberté. En épousant l’enivrant ballet d’une simple branche d’arbre, la danseuse parvient à assembler deux univers distincts en une sublime harmonie.

Contact et fusion

De l’inquiétude à la communion, nous est donné à vivre la fusion ultime entre deux entités organiques, une vivante et une inerte, que rien ne laissait prédestiner à une telle rencontre. Cette branche est la clé offerte à une femme solitaire qui apprivoise le matériau pour déverrouiller son esprit et ne plus laisser parler que son corps.

Cette convergence des disciplines (danse, acrobatie et musique) nous rappelle que les arts du cirque contemporain sont un vaste champ en friche où les créations naissent sans relâche, tel ce spectacle qui nous immerge dans un univers poétique porté par les splendides compositions de Thomas Barrière. Au final de ce solo de 25 minutes, où l’on voudrait rejoindre la danseuse dans un espace-temps hors du réel, il est bien difficile de remettre les pieds sur terre.