Théâtrorama

Un peu plus de quatre millions de spectateurs à la sortie du film en salles il y a tout juste trente ans, et plusieurs millions d’autres sur petit écran, ont suivi les flammes d’Alex Owens, ouvrière dans une aciérie le jour et danseuse de cabaret la nuit. Si l’adaptation sur les planches de la pépite d’Adrian Lyne est régulièrement jouée à Broadway, elle manquait encore aux scènes françaises. Lacune comblée avec « Flashdance, the musical », qui se taille depuis quelques mois un joli succès parisien.

Les droits d’adaptation de l’une des plus illustres comédies musicales à peine obtenus, le producteur et metteur en scène Philippe Hersen n’a pas attendu très longtemps pour décider de monter « Flashdance » en France. Mais avec cette unique ambition : dégoter pour son futur spectacle une salle intimiste, d’une « dimension humaine à l’italienne » qui respecterait l’atmosphère familiale familière des shows à la Broadway. Ce sera donc le théâtre du Gymnase, avec son plateau très proche du public où, dès l’ouverture du rideau, instrumentistes et choristes émergent des balcons pour installer l’ambiance.

Sur écran, une jeune femme d’une vingtaine d’années déambule à vélo dans les rues de la ville. Priscilla Betti rejoue les égarements de Jennifer Beals, alias Alex, plongée dans le marasme économique de Pittsburgh, sur l’introduction du thème devenu légendaire d’Irene Cara (inoubliable Coco de « Fame »). La suite de ses aventures, simple et célèbre, s’intéressera aux doutes et à l’ascension d’Alex de son usine à la rencontre de l’amour, jusqu’à sa fameuse audition pour l’entrée à l’académie de danse.

Dance forever
Côté musique et côté danse, la scène multiplie les portes et les salles, des barres classiques de la Shipley Academy aux vestiaires et planchers du Harry’s Bar où le quatuor composé d’Alex, de Kiki, de Gloria et de Tess se maquille et s’habille en se chauffant la voix, jusqu’aux plateau d’effeuillage et de débauche mutine du Cameleon’s club. Les clins d’œil au film sont évidemment attendus et nombreux, conduisant du studio d’Alex à l’appartement de sa grand-mère – formidable Jocelyne Sand – aux rues de la ville.

Le spectacle respecte pour une grande part la bande son en version originale, mais là où le tube de Michael Sembello, « Maniac », est explosif à souhait, le thème principal « What a feeling » de l’audition accompagne une conclusion sans doute trop rapide. Il permet aussi et surtout d’emprunter çà et là à de nombreux registres musicaux sur lesquels les chorégraphies de Marjorie Ascione, grande habituée des comédies musicales (des « Dix commandements » à « Mozart l’opéra rock », en passant par « Autant en emporte le vent » et « Le Roi Soleil »), s’enflamment et élargissent le répertoire.

En quelques pas, des fenêtres s’ouvrent sur le « Boléro » de Ravel et sur quelques tableaux de « Paquita » et du « Lac des cygnes », puis le rythme s’accélère grâce à des battles dynamiques organisés aux sons des Kool and the Gang, « I love Rock’n Roll », « New York, New York » ou encore « Billie Jean ». Le tout fournit aux numéros un air de melting pot artistique appréciable et fougueux parfois gentiment excessif qui, si l’on accepte de rentrer dans la danse, emporte au-delà du baisser de rideau.

 

Flashdance, the musical
Production : Denise Petitdidier
Livret : Tom Hedley & Robert Cary / Musique : Robbie Roth
Mise en scène : Philippe Hersen
Chorégraphie : Marjorie Ascione
Avec notamment Priscilla Betti (Alex), Gaëtan Borg (Nick), Kania Allard (Kiki), David Ban (Joe), Jimmy Bourcereau (Franck), Djamel Mehnane (Jimmy), Marie Orlandi (Tess), Claire Perot (Gloria), Jocelyne Sand (Hannah)
Au théâtre du Gymnase jusqu’au 11 mars 2015

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