Théâtrorama

Coup Fatal à la morosité

Coup fatal KVS & les ballets C de la BCoup Fatal – Festival de Marseille. Une explosion magistrale de clichés musicaux et culturels dans un métissage résolument en phase avec sa contemporanéité. Un likembé et une guitare électrique, dans un dialogue composé de notes délicates et ensorcelantes nous embarquent, l’air de rien, dans un voyage fou et inattendu, avant de repartir en tournée…

Des chaises en plastique virevolteront dans l’espace pris d’assaut par quatorze artistes exceptionnels. Leurs corps se libéreront dans des danses effrénées sur des rythmes ancestraux, mêlés d’arias magnifiquement interprétés par un être hybride et captivant. L’étonnant contre-ténor Serge Kakudji atteindra des notes d’un extrême raffinement dans un corps animé d’une sensualité brute. Corps qu’il déploiera en souplesse sur les sons endiablés des djembés, balaphones, marimbas, xylophones, guitares électriques et acoustiques s’unissant aux harmoniques d’une musique baroque des plus subtiles, fusionnée à la rebelle et colorée musique congolaise.

Coup Fatal et coup de coeur

Dans cette fusion d’univers musicaux et culturels si harmonieuse et percutante, la salle entière, vibrante, sera transportée par la soif de vivre, de créer et d’exister de ces artistes. Un travail bien encadré par Alain Platel, pour la direction chorégraphique, par le précieux initiateur du projet Paul Kerstens, l’aventurier saxophoniste Fabrizio Cassol et l’étonnant et pluridisciplinaire Rodriguez Vangama, chef d’orchestre et guitariste hors paire.

Le flux naturel et spontané bien ancré dans le présent de la musique congolaise, mélangé à la maîtrise des anticipations et des retards de l’harmonie du baroque, font ici un heureux et savoureux mariage. La joie communicative de l’esprit congolais teinté d’autodérision est traitée de façon particulièrement croquignolesque dans le final de ce voyage hauts en couleurs. Cette ambiance se tresse à l’univers sombre des passages allant du baroque d’un Vivaldi, Gluck, Haendel, Bach à quelques teintes de rock en passant par du jazz avec le puissant To be young, gifted and black, de Nina Simone. Drames, atrocités ainsi que jeux de pouvoirs font écho à cette fatalité sociale, politique et économique congolaise ici transcendée mais pourtant bien réelle. Sans oublier ce rideau de douilles sur scène qui renvoie à la guerre subie par ce pays depuis tant d’années. Coup Fatal est un coup porté au cœur par son authenticité, sa qualité et sa richesse à la croisée des chemins entre tradition et modernité.

Coup Fatal

Un projet par Serge Kakudji (contre-ténor) et l’Orchestre : Rodriguez Vangama (guitare électrique), Costa Pinto (guitare acoustique), Bouton Kalanda (likembe), Erick Ngoya (likembe), Silva Makengo (likembe), Tister Ikomo (xylophone), Deb’s Bukaka (balaphone), Cé-drick Buya (percussion), Jean-Marie Matoko (percussion), 36 Seke (percussion), Russell Tshiebua(backing vocals), Bule Mpanya (backing vocals)
D’après une idée de Serge Kakudji et Paul Kerstens
Direction artistique : Alain Platel
Direction musicale : Fabrizio Cassol et Rodriguez Vangama
Chef d’orchestre : Rodriguez Vangama
Assistance à la direction artistique : Romain Guion
Scènographie : Freddy Tsimba

Festival de Marseille – les 16 et 17 juillet au Théâtre de la Criée

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