Cold Blood – du collectif Kiss & Cry
Après avoir conté l’amour dans l’inoubliable « Kiss & Cry », le collectif belge s’intéresse dans Cold Blood aux derniers instants, à cette seconde en déclic où l’on passe de vie à trépas. On ne change pas une formule qui touche au cœur… La chorégraphe Michèle Anne De Mey et le cinéaste Jaco Van Dormael récidivent, dans une parfaite alchimie avec le texte de Thomas Gunzig, dans une nano danse infiniment poétique qui séduit par sa virtuosité technique et son travail d’orfèvre du mouvement.
Si on devait résumer en cinq mots qui font sens le spectacle, on commencerait par la douceur, avec l’évidence que la main est une promesse de caresse… Puis viendrait la barbe à papa, légère comme un nuage qui donne le goût sucré de l’enfance… La mélancolie, elle, se laisse bercer par la voix de conteur au phrasé lent, comme une valse délicate, et à la musique vibrante qui accompagne les scènes… Un velouté en parfum à fleur de peau qui perçoit l’épiderme au plus près de l’émotion… Quant à la vue, elle se régale en illusion d’optique qui la pousse à alterner le regard, passant de l’écran projetant les images réalisées en direct, à la scène qui se transforme en fabrique artisanale, où chaque plan est réalisé sous l’œil du public, curieux de comprendre le mécanisme qui crée cet univers onirique.
Matière vivante pour mort miniature
Danse, théâtre, cinéma, musique… On retrouve avec bonheur, sur la scène de Cold Blood, cette fusion des arts qui se mélangent en ingrédients subtils ne gâchant pas le goût des autres, tout en composant une recette unique qui réchauffe le corps d’émotion. La miniaturisation de cette machinerie complexe fait retomber le spectateur au temps béni de l’enfance, espace virtuel idéal pour parler de la mort, comme on raconte une histoire où le héros commence par rendre l’âme avant de retrouver les sensations du corps. Il y a des morts stupides, cocasses, involontaires, accidentelles, égrène la voix off qui distille au passage quelques notes d’humour, en saupoudrant un soupçon de détails insolites.
Les sept histoires s’enchaînent comme un rêve éveillé. Des thématiques reprises en filigrane de « Kiss & Cry » et du film de Jaco Van Dormael, « Le Tout nouveau testament », tout en parvenant à se réinventer pour créer de nouveaux accords. On se laisse embarquer dans cette fable qui apprivoise la fin pour l’envelopper d’une tendresse de velours dansée et de fantaisie à la précision diabolique d’un décor fragmenté qui transforme l’univers en kaléidoscope divin.
Cold Blood
Un spectacle de Michèle Anne De Mey, Jaco Van Dormael et le collectif Kiss & Cry
Texte : Thomas Gunzig
Création collective : Grégory Grosjean, Thomas Gunzig, Julien Lambert, Sylvie Olivé, Nicolas Olivier et la participation de Thomas Beni, Gladys Brookfield-Hampson, Boris Cekevda, Gabriella Iacono, Aurélie Leporcq, Bruno Olivier, Stefano Serra
Mise en scène : Jaco Van Dormael & Michèle Anne De Mey
Scénario : Thomas Gunzig, Jaco Van Dormael & Michèle Anne De Mey
Cinématographie : Jaco Van Dormael et Julien Lambert
Chorégraphie : Michèle Anne De Mey et Grégory Grosjean
Interprètes en alternance : Jaco Van Dormael / Harry Cleven, Michèle Anne De Mey/ Manuela Rastaldi, Grégory Grosjean/Denis Robert, Gabriella Iacono/Nora Alberdi, Julien Lambert/Juliette Van Dormael, Aurélie Leporcq/Pierre de Wurstemberger, Ivan Fox, Stefano Serra, Giacinto Caponio/ Nicolas Olivier/Yann Hoogstoel
Durée : 75 minutes
Crédit photos : Julien Lambert
Vu au théâtre Quintaou à Anglet
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