Avec Miettes présenté au Festival Circa à Auch, Rémi Luchez a choisi de ne pas en faire des tonnes. Pourtant, dans ce solo dépouillé, le jeune bougre dégage une force burlesque incroyable.
Les bras nous en tombent. Comme ceux de Rémi Luchez, qui se plante là devant nous, l’air benêt et les bras ballant. Il arrive tranquillement avec ses quatre bouts de bois, une bobine de fil de fer et une tenaille. Et nous regarde, comme si de rien. Puis, il prend son temps pour ériger ses piquets et tendre le minuscule fil de fer. Toujours tranquillement. L’équilibre est précaire : tout vacille, rien ne semble vouloir tenir debout. Pas grave. L’équilibriste ne se laisse pas démonter et poursuit son humble tâche. Les poteaux chavirent ; impassible, le simple d’esprit les remet en place. Une, deux, trois fois… « Mon personnage, c’est un primate, résume l’artiste de la Compagnie Pré-occupé, lors d’une rencontre publique. Il ne sait rien. Il attend des réactions ».
Heureux les fêlés…
Dans une halle aux herbes qui ne peut contenir que 100 personnes, Rémi Luchez propose un spectacle bi-frontal étonnant : intimiste et dépouillé. Sans exploits techniques ni décor, mais avec une force burlesque inouïe. Cet artiste, c’est une sorte de Robinson Crusoe, qui s’accommode de quelques miettes (un matériel ultra rudimentaire) pour tisser le fil de son spectacle. Il force la matière, essaie même de la dompter. Les spectateurs n’en reviennent pas : à quelques mètres d’eux, ce bougre poursuit un but incompréhensible et improbable. Et il parvient à les embarquer dans ce grand saut dans le vide. Pourvu de quelques tocs, le danseur de corde se hisse enfin, tant bien que mal, sur le bout de fil. Le simple d’esprit nous observe toujours, assis sur un édifice ténu et précaire, sur le point de céder à chaque instant. Insensé : voilà que le primate rompt tout, sciemment, d’un coup de sécateur. Puis, il tâche de ruser pour reconstruire l’édifice bancal et déglingué. Il bricole quelques nœuds, avant que le fil ne se brise à nouveau. Le public, pris de fous rires, aimerait lui porter secours dans cette impasse délirante.
Au départ, il y avait de quoi s’interroger. Le propos peut-il tenir sur la durée ? A ce rythme lent et répété, ne risque-t-il pas vite de s’essouffler ? Rémi Luchez tient indiscutablement son clown jusqu’au bout et on ne s’ennuie pas une minute. L’artiste envisage même de transporter ses « 50 kg de matériel tout compris » dans sa carriole, pendant une chevauchée à vélo qui doit le mener des Deux-Sèvres en Bretagne. Pendant six mois, il présentera ce petit bijou de village en village et de place publique en appartement.
Pour connaître les dates de tournée : site web
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