Théâtrorama

La terreur sur les planches et à chaque page

Terreur de Ferdinand von Schirach chez L’Arche éditeurDepuis sa création en Allemagne en février 2016, Terreur, la pièce de l’écrivain et criminaliste Ferdinand von Schirach, ouvre le débat et fait des spectateurs et lecteurs les acteurs du dénouement. L’Arche éditeur, a fait le choix judicieux de publier le texte en mars 2017 et prolonge cette interactivité avec un site Internet où le lecteur/juré peut aller voter en ligne pour décider du sort de l’accusé.

Terreur, un procès en controverse

Le sujet plonge dans une actualité glaçante. Un terroriste détourne un avion et décide de prendre pour cible un stade rempli de 70 000 spectateurs et d’aller y scratcher l’appareil. Une fatalité déjouée par Lars Koch, commandant de l’armée de l’air allemande, qui va à l’encontre des ordres reçus de ne pas tirer. Il abat l’avion de ligne, causant ainsi la mort des 164 passagers à bord. S’il sauve la vie de 70 000 personnes, il en condamne 164. Deux poids deux mesures, le nombre fait-il pencher la balance ? Qu’est-ce qui donne plus de valeur à une vie qu’à une autre. Héros pour certains, coupable pour d’autres aux yeux de la loi d’avoir contourné l’autorité, Lars Koch, homme respectable en tout point, se retrouve devant la justice.

Cas de conscience

La pièce devient le procès de ce militaire motivé par la seule priorité de protéger les civils. La scène se mue en tribunal et le texte déroule une reconstitution des faits. Il reviendra aux jurés, spectateurs/lecteurs, de décider en âme et conscience de la culpabilité ou de l’innocence du prévenu. Les témoins s’enchaînent à la barre, tempérant un jugement trop hâtif. Lars Koch, qui ne cherche pas à minimiser son acte mais affirme une certitude de choix, explicite et analyse son geste. Loin d’être manichéen, le texte décortique les subtilités d’une psychologie humaine face à l’urgence de la situation. Il laisse également transparaître les failles d’un système confronté à l’impensable (personne n’ayant pensé à donner l’ordre d’évacuer le stade dans un temps imparti suffisant qui aurait alors évité la raison d’être du procès). Les arguments développés ne sont pas sans rappeler « La Controverse de Valladolid » de Jean-Claude Carrière. Quant à l’interactivité du jugement, Robert Hossein l’avait déjà expérimentée dans ses spectacles. À la différence près que la pièce renvoie le lecteur a une actualité qui le projette dans une scénario tristement envisageable. La justice juge sur des faits, mais l’émotionnel vient troubler la perception et la stricte objectivité. Coupable ou innocent ? Pas facile de jeter la première pierre en s’imaginant à la place du prévenu. Et vous ? Que décideriez-vous ?

Terreur de Ferdinand von Schirach
Publié chez L’Arche éditeur
13 €, 120 pages
Le site pour aller voter en ligne

 

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