Théâtrorama

Plus proche de l’improvisation que du théâtre écrit à la virgule près, ce spectacle bluffant reprend du service au Théâtre Michel après avoir fait les beaux soirs du Ciné 13. Impardonnables seront ceux qui n’auront pas vu cet OVNI scénique qui semble nous arriver d’un autre siècle…

Ils sont cinq, masqués, sur la scène. Le metteur en scène est dans la salle et leur prodigue quelques indications. Nous sommes en train d’assister à un cours de théâtre comme il en existe pléthore sur tous les plateaux de France et de Navarre. L’aréopage des futurs impétrants du cours est hétéroclite. Le timide, le râleur, la grande gueule, la gourdasse etc. etc. Ils sont là pour apprendre à partir d’un texte, d’une chanson, d’un numéro qu’ils ont choisi.

La définition de la commedia dell’arte fait apparaître un art consommé de l’improvisation et l’utilisation du masque. Certes, nous ne sommes pas ici chez les pré-goldoniens, mais le principe s’en rapproche toutefois beaucoup. Chacun des personnages, masqués, compose un concentré de société d’aujourd’hui, du syndicaliste au ferrailleur, du prof de lettres au chauffeur de taxi. Tous horizons confondus, toutes origines et classes mélangées. Réunis pour la beauté du théâtre, le don de sa personne sur une scène.

Un camaïeu d’émotions
Il en faut, du talent, pour jouer des gens qui n’en ont pas ! Ou plutôt qui cherchent le leur… C’est une double surprise que réservent à chaque fois les « candidats ». Non seulement ils excellent pour camper des personnages d’apprentis comédiens avec leurs faiblesses, leurs peurs, leurs souffrances, mais ils subjuguent lorsqu’ils interprètent leur morceau choisi. Et c’est donc au moment du jeu de cet extrait, de cette chanson, de ce numéro de danse que se dévoilent les savoir-faire dans toute leur splendeur, que tombent les masques. A moins que ce ne soit le moment où ils s’ajustent vraiment…

Un peu à la manière du « Jour de l’Italienne », ce spectacle étonnant, différent chaque soir, nous offre un moment où se côtoient toutes les émotions (mais où le rire domine) tout en livrant un formidable hommage au théâtre, au travail qu’il exige, à l’abnégation qu’il suppose, à la soif d’absolu qui habite ceux qui, comme ces remarquables comédiens, l’ont vraiment dans la peau.

[note_box]Masques & Nez
Mis en scène par Igor Mendjiski
Avec Romain Cottard, Jonathan Cohen, Laurent Ferraro, Paul Jeanson, Igor Mendjisky, Jenny Muttela et Clément Aubert
Lumières : Thibault Joulié[/note_box]

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