Théâtrorama

Skazka de Polina Borisova au festival MARTO

Polina BorisovaEntre Femme-Oiseau et Déesse toute puissante, Polina Borisova dompte objets et marionnettes comme autant d’éléments inhérents à sa perception du monde, retranscrite par l’art. Rencontre avec cette jeune prodige russe à l’univers bien singulier lors du festival Marto au Théâtre Jean Arp à Clamart.

En 2010, Go ! vous mettait en scène en vieille dame voyageant dans ses souvenirs, tandis que Skazka est plutôt du côté de la naissance…
Polina Borisova : Je crée tous mes spectacles à partir de la physique quantique, la relativité des choses, la théorie de « la nouvelle chronologie ». Skazka, c’est un univers totalement différent de Go ! mais il y a quand même beaucoup de points communs, notamment le thème de la relativité du temps. Les oiseaux, aussi, reviennent régulièrement, la mort, les âmes, les créatures « bizarres ». Dans Go !, la mamie se transformait en oiseau, en partant. Dans Skazka, il n’y a plus que des monstres. Comme nous tous. Les montres d’autrefois, les monstres mythologiques ne sont pas si loin de nous finalement, les monstres d’aujourd’hui. J’aime travailler cette partie animale qu’on a tous en nous.

En effet, cet étrange personnage que vous incarnez semble osciller entre plusieurs mondes…
PB : C’est un seul personnage, mais qui peut-être défini de plusieurs manières différentes. On peut l’appeler « Déesse » ou « La Nature », ou « La Création », ou « La Mère des Mères ». La première qui crée la vie. D’ailleurs, elle peut créer aussi bien que manger ses enfants, les aimer, changer d’avis, détruire… Quand j’apparais en oiseau, c’est juste une autre forme de la même nature. Elle s’incarne comme elle veut à chaque fois. C’est la nature dans toute sa splendeur cruelle, qui n’est vraiment pas cruelle en réalité, car c’est nous, humains, qui appelons ça « cruel ». En fait, c’est normal !

Ce spectacle mêle théâtre d’objet et marionnettes, ce qui est plutôt rare…
Skazka de  Polina Borisova au festival MARTO PB : Souvent, on sépare l’objet de la marionnette, car les codes sont différents. Et ce n’est pas si contraire ! J’ai essayé de les mettre ensemble et de créer comme des « couches », des mondes différents à partir d’eux, que l’objet reste un monde et que la marionnette vienne « me rejoindre » dans mon monde. Il y a donc le monde vivant, la « Déesse » et ses créatures, et le monde humain, dinosaure, plus matériel, ce qu’on appelle « réalité », ici, dans notre monde, et pour lequel j’utilise des objets en pastique, des legos… C’est comme les jouets de la déesse et des dieux. Ca crée une échelle. Du coup, on ne confond pas les codes entre objet et marionnette, on les respecte.

Quel a été le point de départ de ce spectacle ?
PB : Très souvent, je commence par les envies d’acteur, le visuel… J’ai rarement envie de traiter un thème, amener un message. Je commence plutôt par me poser la question « Comment ai-je envie de passer 40 minutes avec le spectateur ?», et après je cherche de quoi je pourrai parler. Il n’y a pas de pièce écrite au départ. J’improvise et de là, vient le sujet. En anglais, on appelle ça « devising theater » ou « écriture de plateau ». Sur ce spectacle, j’ai travaillé avec une dramaturge ukrainienne, qui tout de suite compris mon univers, et m’a aidé à rassembler mes idées. Et j’en ai souvent beaucoup !

Crédit photo : Giorgio Pupella

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