Théâtrorama

Correspondances sensorielles pour un théâtre qui met en appétit… Lucile Perain fonde Goudu Théâtre en 2012. Un des objectifs de la compagnie ? « Retrouver le festin anthropophage de la scène où l’on se dévore du regard et où l’on boit les paroles des uns et des autres… »

La metteure en scène nous livre une vision « bleu roi » de la pièce Face de cuillère, jouée à partir du 7 octobre à La Loge, pour une création en effervescence…

Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter Face de cuillère ?
« Un coup de foudre ! Comme quand on croise les yeux de quelqu’un dans la rue et qu’on aurait envie de l’embrasser… Le texte qu’on veut monter, c’est quand il se passe cette étincelle entre les lignes d’écriture et mes yeux. Je tombe amoureuse, alors je l’embrasse et je le garde près de moi jusqu’à ce qu’on arrive à l’accouchement collectif qu’est la première représentation. Les prémices de la rencontre : En flânant dans une librairie, j’ai été attirée par une titre La cuisine d’Elvis, de Lee Hall ; parce que le premier sens que je travaille sur un texte est le goût… Là, je me suis dit que l’auteur était génial ! Et en plus, il avait scénarisé Billy Elliot, film qui m’a fait vibrer enfant et que je ne me lasse pas de regarder car il recharge les batteries créatrices ! Du coup, j’ai acheté tous les textes ce que je trouvais, et parmi eux Face de Cuillère… »

Comment avez-vous abordé ce monologue de Lee Hall ?
« Ce monologue répondait à un besoin de metteure en scène : celui de se recentrer sur l’acteur et de trouver une expression de la plus grande simplicité possible. Dans cette écriture, on est face au monologue intérieur d’une enfant… mais c’est faussement écrit comme une parole d’enfant, et on peut facilement se dire que cette petite fille est déjà morte, et que c’est son âme qui se réincarne pour nous raconter son histoire. Je crois que c’est cette double dimension du personnage, comme un ange, qui m’a fait du bien et qui a fait écho à ma conception de la mort. Cette pièce est notamment dédiée à deux amis proches qui nous ont quittés avant d’avoir 25 ans de mort complètement illogique et irrationnelle… je voulais leur rendre hommage et leur donner la main jusqu’au bout de cet ascenseur du ciel. »

Vous construisez vos mises en scène en jouant avec les synesthésies. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre travail pour la pièce ?
« Oui, quand je lis un texte, je me dis… tiens, il est violet, il résonne comme de la tôle ondulée ou encore il a un goût d’abricot sec ou une odeur de gentiane ! Tout ça est très évident, je ne me pose pas la question. Pour Face de cuillère, c’était bleu roi. Le goût était celui de la grapamiel ou de l’amaretto… d’abord, c’est très doux en bouche, liquoreux, et puis ça fait chaud au cœur et ça brûle même un peu, comme le texte. Pour le toucher, c’était du lin, rêche, droit, simple, agréable et rugueux à la fois. L’odeur c’était le brûlé… Toutes ces sensations, c’est un premier matériau de travail, certains éléments restent intacts ou transformés et d’autres disparaissent complètement. Il s’agit ensuite de confronter mes propres sensations avec l’équipe qui s’embarque dans le projet et d’être à l’écoute de leurs intentions afin de trouver la synesthésie d’un groupe constitués de plusieurs créateurs. Par exemple, le bleu est encore présent avec la robe du personnage, mais d’autres couleurs et univers avec le blanc et le violet notamment viennent de la recherche de Vera Martins. Le toucher a beaucoup évolué et a surtout été travaillé par l’oiseau qui accompagne Marion Harlez-Citti. Le son s’articule autour de Maria Callas comme demandé par le texte de Lee Hall, mais aussi du battement de cœur sur une proposition de Raphaël Dupeyrot. Le goût ne sera que pour les spectateurs, après la sortie du public, comme la dernière sensation avant l’oubli. »

Cie Goudu Théâtre
Mise en scène: Lucile Perain
Avec: Marion Harlez-Citti, accompagnée par Pastel (une perruche)
Lumières et scénographie: Vera Martins
Son: Raphaël Dupeyrot
Costume: Nadine Moëc Meyer
Production: Cie Goudu Théâtre

A la Loge, du 07 au 10 octobre à 21h

Reprise au Théâtre La Reine blanche à partir du 15 octobre à 21h

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