Théâtrorama

Dans le cadre de la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette, Philippe Lefebvre, dit « Flop », présente son solo « Dal vivo », délicate performance qui suspend chaque image au cœur d’une intemporelle et éphémère peinture lumineuse…

Philippe Lefebvre, dit « Flop », vous êtes plasticien, dit « plasticien lumière »…
« Un jour, un ami m’a dit « tu n’es pas bricoleur, tu es bricologue » et j’ai transformé plus tard ce terme en « bricoluminologue ». J’ai commencé en créant, il y a 31 ans, un groupe à Angers qui s’appelle « Zone Utopiquement Reconstituée (ZUR)». On a toujours aimé marier les différents langages dans nos installations… du cinéma, de la peinture, de la gravure, du son, de la danse… Moi c’est pareil, j’aime bien mélanger les choses, mon langage est un peu à la croisée des langages artistiques. »

Comment cette performance a-t-elle été créée ?
« Elle fait suite à une expédition-installation qui s’appelle « Heureuses lueurs » et qui tourne depuis environ une dizaine d’années. C’est un parcours déambulatoire qui compte une vingtaine de petites machines avec des lentilles, des lumières et des moteurs, un peu du même acabit que celles présentées dans « Dal vivo », mais qui elles, sont commandées depuis un ordinateur. Parallèlement à ça, je faisais des ateliers avec des enfants, dans lesquels, à partir d’une table avec des verres remplis d’eau, des petits robinets et des lampes de poche, on créait des petits tableaux sur le vif… Et j’ai eu envie de repartir de cette idée de table, de vaisselle, de verre d’eau, d’objets du quotidien, et aller plus loin. J’ai pris un mois, un mois et demi, pour créer cette performance puis j’ai repris du temps avec une amie danseuse pour travailler ma présence et épurer la gestuelle. L’idée c’était que je devienne un peu comme un chat dans tout ce dispositif, que parfois je sois vraiment effacé, pour laisser place à l’image qui se déploie devant les yeux du spectateur, d’autres fois, par contre, je m’intègre dans l’image. »

Les images que vous créez en direct avec la lumière sont assez ouvertes…
« Une partie de la performance est abstraite, elle laisse la place au spectateur, pour qu’il puisse s’emparer de ces moments et s’imaginer des choses. En ce qui concerne le son il y en a très peu et c’est vraiment une volonté. Je n’ai pas eu envie de rajouter une bande-son, les sons viennent vraiment du matériau scénique, des moteurs… S’il y avait du son tout le temps, ça laisserait moins de place au spectateur. »

Comment avez-vous choisi les objets qui sont sur la scène ?
« Ce sont des objets que j’ai dans mon atelier. Ils ne sont pas dans mon atelier par hasard, j’ai déjà essayé des choses avec, sur d’autres projets, avec le groupe « ZUR », et aussi des collaborations avec d’autres compagnies, sur des installations, des décors de spectacle. Ce travail là sur « Dal vivo », ce n’est pas seulement le mois et demi que j’ai passé dans mon atelier, c’est aussi des tentatives antérieures qui tout à coup ont trouvé leur place. Il y a eu d’autres aspects qui n’ont pas trouvé leur place dans ce projet-là, mais peut-être verront le jour plus tard, dans un autre projet. Je ne compartimente pas les choses, elles sont toujours liées à la lumière et au mouvement et à la lumière en mouvement, mais au fur à et à mesure, j’affine, je creuse une direction plus qu’une autre… Ce qui me plait, alors qu’on est entourés d’images partout, d’écrans, d’ordinateurs, c’est de pouvoir créer l’image avec peu de choses et de montrer toute la construction de la création de cette image devant les gens. »

« Dal vivo » est une performance, et non un spectacle. Pourquoi ce choix?
« Il y a bien sûr une base, une écriture qui est toujours la même. Mais il y a des choses qui sont très fragiles, je ne suis pas sûr de tout réussir à chaque fois. Je dois trouver la juste place pour pouvoir faire apparaître les choses. Si les lampes ont bougé de 2 cm, ça ne marche pas. Les piles qui se rechargent ou qui sont déchargées, rien que ça, ça va créer un effet différent. D’ailleurs, j’aurais bien aimé prendre une photo de chaque tableau à chaque représentation, pour voir vraiment les différences. Il y a aussi le fait que ce soit complètement éphémère, quand j’éteins, il ne reste rien de tout ça, il n’y a pas un dvd qui peut envoyer les mêmes images. Dans ce sens-là, c’est une performance, parce que c’est toujours remis en question. Ce n’est pas vraiment un spectacle, c’est une expérience, pour moi, pour le public. »

Vu le mercredi 13 mai à la salle Jacques Brel (Pantin) dans le cadre de la BIAM 2015
Dates de tournée:
Du 22 au 24 mai | Bruxelles -La Montagne Magique
Juillet | Marseille – L’autoportrait
Plus d’infos: site Internet  

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