Théâtrorama

« Filmer le théâtre est aussi un art vivant »

Cette année, la Copat (Coopérative de Production Audiovisuelle Théâtrale) fête ses 10 ans de théâtre filmé. Cette coopérative réunit 47 producteurs de spectacles, comprenant toutes les familles de théâtres privés et subventionnés, français et étrangers francophones. Elle contribue à rendre l’art théâtral accessible au plus grand nombre. La Copat est aujourd’hui propriétaire d’un catalogue de plus de 150 titres. Rencontre avec Pascal Peyrou, le directeur général de la Sopat, la structure opérationnelle de la Copat.

Quel est l’objectif de la Copat ?
« Il est triple. Le premier est de remettre le théâtre à l’honneur dans l’audiovisuel. Le deuxième est de faire évoluer la « captation », en utilisant les techniques les plus innovantes pour créer un produit de qualité adapté à la télévision. Et le troisième est d’assurer les droits pour les théâtres et les ayant droits. Il y a 10 ans, nous nous sommes rendu compte que lorsque des émissions, comme « Au théâtre, ce soir », étaient rediffusées à la télévision, les droits étaient versés à l’INA. Les théâtres n’avaient rien ! L’idée était donc, pour nous, de posséder les droits et d’avoir une structure (la Sopat) pour faire remonter ces droits vers les théâtres. »

L’idée d’un catalogue s’est-elle tout de suite imposée ?
« Au début, nous étions essentiellement tournés vers la télévision. Puis, il y a eu TPS, le câble et le satellite. Puis progressivement sont venus les cassettes vidéos et les DVD. Avec ce dernier support, nous avons été les pionniers dans le domaine du théâtre filmé. Nous sommes sans cesse à la recherche des nouveaux moyens pour pouvoir étendre le rayonnement du théâtre. À une certaine époque, par exemple, nous avons réussi à diffuser nos pièces filmées dans les avions d’Air France. »

Une nouveauté de la Copat: Batailles de Roland Topor et Jean-Michel Ribes
Une nouveauté de la Copat: Batailles de Roland Topor et Jean-Michel Ribes

Comment choisissez-vous les pièces que vous allez filmer ?
« Soit une chaîne s’intéresse à une pièce et cela équivaut à une décision automatique. À ce moment-là, nous intervenons comme un producteur habituel. Soit la décision revient au comité de programmation, composé de directeurs de théâtres tirés au sort, qui se réunit régulièrement. La Copat choisit les meilleures pièces et la Sopat vérifie que cela fonctionne sur le plan audiovisuel. Ce système de mutualisation représente environ 30 % de notre catalogue. »

Quel répertoire proposez-vous ?
« Nous ne nous arrêtons pas aux classiques. Le répertoire moderne et contemporain a également sa place. Notre volonté est d’être dans tous les genres de théâtres, sauf le one man show ou la comédie musicale. Nous avons démarré uniquement avec des pièces du théâtre privé, mais aujourd’hui, nous avons trouvé un équilibre avec les pièces du théâtre public. Nous nous sommes imposés deux limites : nous apportons une attention particulière à la qualité des pièces et nous ne filmons pas par opportunité, mais par conviction.»

Tout à bord de Bernard Cogniaux et Marie-Paule Kumps
Tout à bord de Bernard Cogniaux et Marie-Paule Kumps

Qu’entendez-vous par « filmer par conviction » ?
« Lorsque nous tournons, il n’y a pas toujours une chaîne derrière prête à acheter. La télévision ne s’intéresse pas à certaines pièces pour des tas de raisons. Mais si nous considérons que l’une d’entre elles mérite d’être filmée, nous le faisons. C’est après, lorsqu’on la propose aux chaînes, qu’elles y découvrent généralement un intérêt. Que ce soit la comédie de boulevard ou la tragi-comédie, ce qui nous importe, c’est la qualité et la réussite de la pièce. »

Techniquement, comment filmez-vous ?
« On ne se contente pas de poser une caméra et de tourner. Filmer le théâtre, c’est une combinaison entre le langage du réalisateur – qui doit être un homme de télévision – et celui du metteur en scène de la pièce. Le réalisateur doit être quelqu’un de sensible, capable de comprendre ce que veut transmettre l’homme de théâtre. C’est la raison pour laquelle notre équipe de réalisateurs est restreinte. Le fait qu’ils en aient tourné beaucoup, fait aussi partie du rendu final. Il y a un gros travail en amont, notamment avec la scripte qui prépare le tournage plan par plan. Il n’est pas rare qu’on modifie un peu les lumières sur la scène pour que le rendu à l’image soit le même. Les caméras filment toujours en deux représentations, sur deux jours maximum. 95 % du temps, les pièces sont filmées en public. Ensuite, il y a une semaine à dix jours de montage. Avec les technologies d’aujourd’hui, c’est possible d’avoir un rendu très adapté pour la télévision. »

Que répondez-vous aux gens qui disent que le théâtre filmé dénature le théâtre ?
« Nous avons un slogan qui dit « filmer le théâtre est aussi un art vivant ». Je ne vois pas où est le conflit. Quand une pièce est bien filmée, la qualité peut être là de la même manière. Après avoir vu leur pièce, la plupart des comédiens disent qu’ils sont enchantés du résultat. On ne peut pas ignorer leur propos. Le théâtre filmé est un autre langage. C’est comme un match de football : le spectateur a toute l’émotion dans les gradins, mais à la télévision, il voit souvent mieux ! En France, nous avons une énorme structure théâtrale, mais qui manque de diffusion. Les tournées coûtent chers et l’audiovisuelle est souvent un moyen de faire découvrir le théâtre à ceux qui ne peuvent pas y aller. Les pièces ont été écrites pour être vues ! Plus on connaît le théâtre plus on a envie de l’aimer. »

Pour en savoir plus sur la Copat
site web

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